Changement Tshwane (ex-Pretoria), nouvelle capitale de l'Afrique du Sud Johannesburg de notre correspondanteD'ici quelques mois, Pretoria sera rayée de la carte. La capitale de l'Afrique du Sud s'appellera Tshwane, nom donné par un ancien chef de tribu à une petite rivière qui passe non loin de là. Le changement a été entériné, lundi 7 mars, par le conseil municipal de la ville, au terme d'un débat qui a duré plusieurs années. Mais la polémique continue. Les Afrikaners ont bien l'intention de faire de la résistance.De nombreux symboles de l'apartheid sont déjà tombés. Les bustes de Hendrick Verwoerd, le théoricien du "développement séparé", ont été déboulonnés. Le drapeau, l'hymne national, les emblèmes ont été changés, mais aussi plusieurs noms de villes et de rues. Pietersburg est devenue Polokwane, l'agglomération de Port-Elisabeth s'appelle désormais Nelson Mandela City. Mais jamais un changement de nom n'avait autant déchaîné les passions. Le sujet est si sensible que ni le chef de l'Etat ni même un membre du gouvernement ne s'en est mêlé, pour éviter que l'affaire ne prenne l'ampleur d'un débat national.Pour le maire, Smagaliso Mkhatshwa, Pretoria est un symbole du passé qui n'a plus sa place dans "la nouvelle Afrique du Sud". Plusieurs capitales, comme Harare, anciennement Salisbury, ou Maputo, appelée Lourenço-Marques par les Portugais, ont changé de nom, a-t-il rappelé. Tout ce qui représente le passé colonial et l'apartheid "devrait être rapidement dégagé sans pitié ni cérémonie", a lancé un élu d'extrême gauche.Pour les Afrikaners, il s'agit d'une négation de leur histoire. C'est l'un des leurs, Andries Pretorius, fermier venu s'établir dans la région il y a cent cinquante ans, qui a donné son nom à la ville. Ils soulignent que Pretorius n'est en rien responsable de l'apartheid, mis en place à partir de 1948. "On devrait alors dire aussi que Berlin est associée au nazisme, Rome au fascisme, ou Madrid à Franco", a défendu un élu de l'opposition. "Si vous continuez dans cette folie, vous signez la fin de la réconciliation dans ce pays", a menacé Greg Pretorius, un descendant d'Andries. "Il y a un musée, où il y a de la place : c'est un moyen de ne jamais oublier", lui a rétorqué le maire de la ville.Pour l'opposition, ce changement est d'abord un "cauchemar économique". Il faudra changer les panneaux de signalisation, les cartes routières, tous les papiers à en-tête, les adresses, etc. Le coût de l'opération est estimé à environ 130 millions d'euros. Mais la mairie assure qu'elle pourra s'en sortir avec à peine 20 000 euros. Les Afrikaners ont malgré tout obtenu un lot de consolation : Pretoria sera le nom d'un quartier, celui du centre historique de Tshwane.
