Annonce "Tout sera fait" pour libérer les otages français en Irak : Jacques Chirac a prononcé dimanche soir une allocution exceptionnelle consacrée au sort de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, détenus en Irak par un groupe qui réclame l'annulation de la loi sur la laïcité. Tout au long de la journée de dimanche, les réunions gouvernementales de crise se sont succédé à ce sujet. Dimanche soir, au terme d'une journée qui avait vu se multiplier les réunions gouvernementales de crise, Jacques Chirac est apparu à la télévision pour une intervention exceptionnelle, entièrement consacrée au sort des deux journalistes français détenus en Irak. Dans ce discours de quelques minutes à peine, le chef de l'Etat a "demandé solennellement" la libération des otages et annoncé que le ministre des Affaires étrangères Michel Barnier se rendait "immédiatement" dans la région afin d'y développer les contacts nécessaires et coordonner sur place les efforts de nos représentants". "Tout est fait et tout sera fait dans les heures et les jours qui viennent" pour obtenir ces libérations, a martelé Jacques Chirac. Auparavant, le chef de l'Etat avait reçu Jean-Pierre Raffarin pour faire avec lui le point sur la sitation ; le chef du gouvernement, pour sa part, après avoir présidé dans la journée deux réunions à Matignon, avait déjà annoncé que la France avait renforcé et renforcerait "dans les heures qui viennent (sa) capacité d'initiative dans la région". Il devait, dans la soirée, recevoir les responsables des médias pour lesquels travaillent les deux journalistes enlevés.Les preneurs d'otages qui détiennent Christian Chesnot, pigiste des radios publiques Radio France et Radio France Internationale (RFI), et Georges Malbrunot, envoyé spécial du Figaro et de Ouest-France et correspondant de la radio RTL, sont membres de "l'Armée islamique en Irak", un groupe responsable de plusieurs meurtres d'otages, dont celui du journaliste italien Enzo Baldoni. Ils exigent l'abrogation de la loi sur le respect de la laïcité, qui interdit à l'école publique tous les signes religieux ostensibles, notamment le voile islamique. Ils n'ont pas assorti leur exigence d'une menace explicite sur la vie des otages. Dans une vidéo montrant les deux journalistes, le groupe a toutefois donné "un délai de 48 heures, à partir de la publication du communiqué, pour répondre" à cette revendication.Appel à manifester lundiLa loi sur la laïcité avait suscité de vives protestations des pays arabes, de religieux musulmans et d'une partie de la communauté musulmane en France, qui y ont vu une attaque contre l'islam. Ce texte doit s'appliquer à partir de la rentrée scolaire, jeudi. Pourtant, ce dimanche, les représentants des musulmans de France se sont joints au ministre de l'Intérieur pour condamner unanimement la prise d'otages, jugeant que la revendication nuisait à la communauté musulmane en France. "Ensemble, nous demandons leur libération", a lancé Dominique de Villepin. Le président du Comité français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a déclaré que "la communauté musulmane devait se démarquer de ces agissements condamnables par l'islam et ne donner aucune réaction qui indiquerait que ces gens agissent dans son intérêt". Le président du l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), Lahj Tahmi Breze, a déclaré qu'il ne fallait "pas négocier" avec les ravisseurs. Mohamed Bechari, président de la fédération nationale des musulmans de France (FNMF) et vice-président du CFCM, a lancé "un appel aux ravisseurs pour qu'ils relâchent les deux journalistes". "Ces actes ne servent ni la situation irakienne ni la question du foulard et s'inscrivent dans une logique de globalisation", a-t-il jugé.Les frictions politiques se sont effacées pour des appels unanimes contre la barabarie. Le président de l'UDF, François Bayrou, a appelé dimanche les Français à être "solides et solidaires", estimant que "c'est la seule attitude qui puisse faire fléchir les ravisseurs barbares". Le président du Sénat Christian Poncelet a dit dimanche "halte à la barbarie et à la sauvagerie" et souhaité que les responsables des différentes communautés religieuses appellent leurs fidèles à prier pour les deux journalistes français enlevés en Irak. Un comité pour la libération de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, composé d'intellectuels arabes et de représentants d'instances religieuses musulmanes et de défense des droits de l'Homme, s'est constitué dimanche et a appelé à une manifestation lundi à 17h30 devant la maison de la Radio à Paris.
