Annonce Tony Blair annonce un gouvernement largement remanié autour de ses ténors Au lendemain de sa victoire aux élections législatives, Tony Blair a procédé vendredi 6 mai à un large remaniement gouvernemental qui n'affecte cependant pas les trois principaux poids lourds du cabinet : Gordon Brown (finances), Jack Straw (affaires étrangères) et Charles Clarke (intérieur) conservent leur poste. Le vice-premier ministre, John Prescott, perd une partie de ses attributions, transférées à un nouveau ministère chargé des communautés et du gouvernement local, ministère confié à l'une des étoiles montantes du blairisme, David Miliband. Ce dernier devra notamment réformer le système des impôts locaux, source de mécontentement populaire. John Reid, ancien ministre de la santé, et fidèle entre tous de M. Blair, laisse sa place à Patricia Hewitt pour prendre le ministère de la défense. Il remplace Geoff Hoon, qui avait fait l'objet de critiques au moment de l'enquête sur la mort de l'expert en armements David Kelly. M. Hoon devient "leader" des Communes, autrement dit ministre des relations avec le Parlement. Peter Hain, l'ex-titulaire de ce poste, prend en charge l'Irlande du Nord. LE RETOUR DE M. BLUNKETT Cinq mois après avoir démissionné, pour une affaire privée, l'ancien ministre de l'intérieur David Blunkett revient au gouvernement. Il sera chargé d'un dossier explosif : les retraites. Plusieurs proches de Gordon Brown sont promus, notamment Douglas Alexander, qui hérite du ministère pour l'Europe, l'une des fonctions les plus délicates. Le nouveau ministre aura pour mission de préparer la bataille du référendum britannique sur la Constitution européenne, qui se tiendra en 2006 si les Français votent oui. Il devra aussi s'occuper de la présidence britannique de l'Union, qui commencera pour six mois le 1er juillet. M. Alexander remplace Denis MacShane. L'ancien ministère du commerce et de l'industrie, désormais en charge de la productivité, de l'énergie et de l'industrie, échoit à Alan Johnson. En tout, le cabinet compte quatre nouveaux entrants, dont M. Miliband et M. Des Browne, un autre espoir du Labour. Dans le camp de l'opposition, Michael Howard a tiré sa révérence. Le chef du Parti conservateur a annoncé, vendredi, sa volonté de démissionner "aussi vite que possible" . Il ne conduira pas les tories lors de leur prochaine bataille électorale. Il restera à son poste pour expédier les affaires courantes en attendant que son parti lui choisisse un successeur. "LA TÊTE HAUTE" Arrivé à la tête du parti il y a un an et demi, M. Howard a justifié sa décision par plusieurs arguments. Il a invoqué son âge (il a 63 ans). Il a surtout mentionné son sens des responsabilités : "J'avais dit que si je ne parvenais pas à gagner les élections, je partirais. Malgré tous mes efforts, j'ai échoué. Je m'en vais la tête haute." Le choix de M. Howard et, surtout, la rapidité de son annonce ont surpris jusqu'au sein de son parti. Personne n'aurait exigé la démission d'un homme qui, au vu des résultats électoraux des tories, n'a, au bout du compte, pas vraiment démérité. Il avait reçu pour mission initiale de panser les plaies d'un parti qui s'était beaucoup déchiré, et de stopper son hémorragie électorale. En faisant gagner 32 sièges aux tories par rapport à 2001, il a atteint son objectif. Ce résultat a fait oublier que Michael Howard avait été critiqué par certains des siens pour avoir mené, de façon trop personnelle, une campagne trop populiste et trop axée sur un thème dominant : le contrôle de l'immigration. Avant de lui trouver un dauphin, le parti devra sans doute, comme le souhaitent M. Howard et la plupart des députés, réviser les règles qui président à la désignation de son leader. Car, dans ce domaine, les conservateurs sont paradoxalement victimes de leur excès de démocratie. Depuis plusieurs années, en effet, la masse des adhérents exerce un poids décisif dans le choix de leur chef. La réforme envisagée redonnerait une influence primordiale aux élus, au détriment de la base du parti, souvent vieillie et déconnectée de l'Angleterre qui bouge. Les tories se sont réjouis de leur progrès en sièges, notamment à Londres. Ils ont aussi célébré la victoire de leur premier candidat noir, Adam Afriyie, un homme d'affaires élu à Windsor, l'un de leurs fiefs. Mais ces succès dissimulent mal leur stagnation globale en termes de suffrages (33, 1 %, contre 31,7 % en 2001). Le successeur de Michael Howard aura pour tâche de donner des idées neuves à un parti qui aura usé quatre chefs en huit ans.