Scandale Tom DeLay, un bras droit qui handicape BushNouveau souci pour le Président : le leader des républicains à la Chambre inculpé pour fraude électorale.George W. Bush n'avait vraiment pas besoin de cela : son meilleur allié à la Chambre des représentants, le leader de la majorité républicaine Tom DeLay, un Texan qui plus est, a été inculpé mercredi pour fraude à la loi électorale texane (Libération d'hier). Il est soupçonné d'avoir triché sur les règles de financement de son parti, lors de la campagne électorale de 2002 pour la conquête du congrès texan. L'affaire est d'autant plus sensible que la victoire des républicains aux élections texanes a permis à ces derniers de redessiner en leur faveur la carte électorale de l'Etat. DeLay, surnommé «the Hammer» («le Marteau»), a démissionné «temporairement» de sa fonction.«Vietnamisation». Pour les républicains, c'est un nouveau malheur qui vient s'ajouter à une longue litanie : la «vietnamisation» de la guerre en Irak, le fiasco des premiers secours après l'ouragan Katrina, la hausse des prix de l'essence, le déficit budgétaire qui explose, la chute de la popularité du Président dans les sondages. Désormais, c'est une ambiance de corruption, très fin de règne, qu'ils doivent tenter de dissiper d'ici aux élections législatives de novembre 2006. Car Tom DeLay n'est pas le seul à se retrouver sous les projecteurs éthiques.Le leader des républicains de l'autre Chambre du Congrès le Sénat est lui aussi impliqué dans un scandale. En juin, Bill Frist a vendu un paquet d'actions dans la chaîne d'hôtels HCA, fondée par sa famille... juste avant qu'une mauvaise nouvelle financière ne vienne faire chuter les cours. Une enquête a été ouverte par la Security and Exchange Commission sur ce qui ressemble fort à un délit d'initié. Pour compléter le tableau, le principal conseiller de Bush, Karl Rove, a lui aussi une casserole à traîner : l'enquête sur la fuite malveillante qui avait conduit à griller la couverture de l'agent de la CIA Valerie Plame mène directement à lui.A court terme, l'affaire DeLay risque d'entraver sérieusement le programme de Bush. Explication de Stehn Hess, ancien conseiller de Nixon, expert à la Brookings Institution : «Après l'ouragan Katrina, le Président a proposé un projet de reconstruction incroyablement complexe et controversé. Et cela vient s'ajouter à un programme déjà très rempli, baisse d'impôts, réforme des retraites, etc. Pour faire passer sa politique, il comptait énormément sur Tom DeLay, qui sait maintenir la discipline de la majorité. Aujourd'hui, la question se pose de savoir si cette discipline va pouvoir être assurée, alors qu'approchent les élections au Congrès.»Tom DeLay est l'un des meilleurs alliés de Bush sur la colline du Capitole. Texan, cultivant les mêmes terres électorales que le président américain (notamment la droite chrétienne), il défend bec et ongles le programme présidentiel. Il a su aider la Maison Blanche à faire taire les modérés et à trouver des compromis avec les conservateurs les plus radicaux. Son inculpation risque, par contrecoup, d'attiser les velléités d'indépendance des élus centristes du Parti républicain, qui multiplient depuis quelques semaines les signes de mécontentement.Depuis deux jours, DeLay crie son innocence, dénonçant un «pur acte politicien» et une «campagne préméditée et coordonnée» (c'est un procureur démocrate, le district attorney du comté de Travis, au Texas, qui l'a inculpé). Bien qu'il ait renoncé temporairement à sa fonction à la Chambre, il entend visiblement continuer de tirer les ficelles en coulisse.Extrêmement machiavélique. Mais si DeLay est très utile à Bush, il peut aussi devenir très encombrant s'il reste durablement sous les projecteurs des médias américains. Personnage peu scrupuleux, extrêmement machiavélique sur le plan politique, cultivant le clientélisme et l'intrigue au Texas, martelant une idéologie très conservatrice à Washington, DeLay n'est en effet pas exactement ce qu'un parti politique tient à mettre en avant à l'approche d'une élection.
