Mort de Titina Maselli

Mort Titina Maselli, peintre et scénographe La peintre et scénographe Titina Maselli est morte des suites d'un problème cardiaque, mardi 22 février, à Rome, chez elle, comme elle le voulait. Il y a quelques mois, elle était retournée dans sa ville natale. Elle travaillait encore, préparait un spectacle avec Klaus Michael Grüber et une rétrospective de ses œuvres. Le 17 juillet 2004, Walter Veltroni, le maire de Rome, avait donné une grande fête au Quirinale pour les 80 ans de cette grande dame, bien mieux reconnue en son pays qu'elle ne l'était en France, son pays d'adoption depuis les années 1970. Née le 11 avril 1924, Titina Maselli a grandi dans une famille vouée à la culture et apparentée à Pirandello. Son père était philosophe, sa mère nourrissait une passion pour la France, qu'elle lui a transmise. Son frère, Francesco, est devenu cinéaste. Elle a choisi les beaux-arts. Dès 1948, elle commence à exposer en Italie, puis dans d'autres villes d'Europe, et à New York. Sa peinture, alternativement abstraite et figurative, marquée par des constructions géométriques et des couleurs fortes, lui vaut l'admiration d'Alberto Moravia, Michelangelo Antonioni, Heiner Müller ou Gilles Aillaud, qui deviendra un de ses amis les plus chers, le préfacier de ses expositions et un compagnon de travail, aussi, avec qui elle a plusieurs fois partagé l'affiche de spectacles. Venue à Paris dans les années 1970, c'est le théâtre et l'opéra qui l'ont accueillie et ont assuré sa renommée. Scénographe puissante et réfléchie, Titina Maselli ne faisait pas ce que l'on appelle des "décors", au sens où elle n'illustrait pas une mise en scène. "Elle avait une vision globale des éléments d'un spectacle et participait activement au travail dramaturgique", se souvient Michèle Raoul-Davis, la collaboratrice de Bernard Sobel, avec qui Titina Maselli a signé dix-huit spectacles, au théâtre et à l'opéra. On se souviendra longtemps, pour ne citer qu'un des plus récents, de Manque, de Sarah Kane, et de ce pan de mur incliné avec des personnages assis dans un silence de pierre, figés dans l'immobilité et zébrés de longues traces de peinture rouge et bleue. Au milieu d'eux, indécelables au premier abord, se trouvaient les quatre comédiens de la pièce. Bernard Sobel avait rencontré Titina Maselli en 1979. Il avait été séduit par cette personnalité forte, entière, passionnée, qui n'a jamais renoncé à son engagement au côté des communistes mais sans adhérer au parti. Une femme "libre", souvent présentée comme une Anna Magnani du théâtre et souvent choisie par Klaus-Michael Grüber ou Carlo Cecchi. Samedi 26 février, sur Arte, on pourra voir les derniers décors de Titina Maselli : ceux qu'elle a imaginés pour Les Tréteaux de maître Pierre, de Manuel de Falla, et Renard, de Stravinsky, mis en scène par Grüber et dirigés par Pierre Boulez. C'était une création du Festival d'Aix-en-Provence en 2003.