Annonce Thierry Breton revoit à la baisse les prévisions de croissance pour 2005 Lors de sa première conférence de presse à Bercy, mercredi 16 mars, le nouveau ministre de l'économie a envisagé une croissance entre 2 et 2,5 % pour 2005. Il a annoncé aussi des mesures d'incitation à l'intéressement de salariés et à l'investissement. Ces déclarations ont suscité les critiques du PS et du PC. Le ministre de l'économie et des finances, Thierry Breton, mercredi 16 mars, a revu en baisse la prévision de croissance de l'économie française pour 2005, tout en annonçant des mesures pour favoriser l'intéressement et l'investissement des entreprises dans la recherche et le développement. Ces mesures ont suscité des réactions hostiles des syndicats et de la gauche. Le ministre a ainsi revu en légère baisse la croissance 2005. Au lieu de 2,5 %, elle s'inscrit désormais dans une "fourchette de 2 à 2,5 %", "l'ambition" étant maintenue d'atteindre le haut de cette fourchette. L'économie française "aura connu en 2004 sa meilleure année depuis 2000", avec une croissance de 2,3 %. FAIRE QUE LES FRANÇAIS "RETROUVENT CONFIANCE EN EUX" Mais, pour 2005, "je veux rester lucide et je dois constater comme tout le monde que l'environnement international est incertain et crée des aléas baissiers suffisamment significatifs pour que je me sente tenu de les prendre en compte", a-t-il expliqué, citant le prix élevé du pétrole et le bas niveau du dollar face à l'euro. M. Breton a souhaité, mercredi, que la France retrouve "une croissance plus forte, plus riche en emplois" et que son ministère "aide l'économie et les Français à retrouver la confiance en eux". Il a annoncé une série de mesures en faveur des entreprises, notamment une prime exceptionnelle permettant dès cette année de majorer le montant de l'intéressement sur les résultats 2004. Selon M. Breton, "cette prime pourra représenter jusqu'à 200 euros ou 15 % du montant de l'intéressement normalement prévu s'il y a un accord en cours. Elle devra être versée en numéraire au cours de l'année 2005". L'Etat "contribuera à rendre ce dispositif attractif en traitant ces versements exceptionnels selon les règles fiscales et sociales de l'intéressement et en autorisant l'assimilation fiscale de ce versement de 2005 à une charge 2004" pour les entreprises, a-t-il ajouté. De plus, les grands groupes pourront bénéficier de déduction d'impôt sur les sociétés s'ils investissent dans la recherche et le développement, via des financements de PME innovantes, ou des partenariats avec les laboratoires de recherche. Par ailleurs, M. Breton a annoncé que l'ouverture du capital du groupe nucléaire Areva, initialement prévue avant la fin de l'été, n'aurait pas lieu avant 2006, les priorités étant actuellement EDF et GDF. Le PS et le PCF ont critiqué les mesures proposées par M. Breton. "Permettre aux grands groupes qui affichent en 2004 des bénéfices records de payer moins d'impôt, voilà l'unique réponse de Thierry Breton aux demandes légitimes des Français d'augmentation de leur pouvoir d'achat", selon le secrétaire national de l'économie du PS, Eric Besson. HABILETÉ "REMARQUABLE" ET "INQUIÉTANTE" Le Parti communiste a, quant à lui, estimé que le ministre de l'économie était "complètement à côté de la plaque" en proposant une prime d'intéressement, en réponse à la demande de hausse des salaires. Pour la CGT, "l'intéressement ne peut être en aucune manière un substitut aux augmentations salariales", et "l'heure est toujours à la mobilisation". La CFTC a également estimé que Thierry Breton fait preuve d'une "habilité aussi remarquable qu'elle est inquiétante", tant sur l'intéressement que sur les incitations fiscales. Pour sa part, le porte-parole du groupe UDF à l'Assemblée nationale, François Sauvadet, veut au contraire accroître les mesures d'intéressement. Le groupe UDF fera "des propositions très fortes" pour que 80 % des salariés puissent profiter de l'intéressement, et non "environ 35 % des salariés français et moins de 5 % des entreprises de moins de 50 salariés", comme aujourd'hui, a-t-il dit.