Annonce Thabo Mbeki ouvre la voie à l'éligibilité d'Alassane Ouatara en Côte d'IvoireUne semaine après les accords de Pretoria, le président sud-africain, Thabo Mbeki, mandaté par l'Union africaine pour régler la crise ivoirienne, a rendu un avis très important sur les conditions d'éligiblité à la présidentielle prévue au mois d'octobre : "Pour ce qui concerne les élections présidentielles de 2005, le Conseil constitutionnel devrait accepter l'égibilité des candidats qui seraient présentés par les partis politiques signataires de l'accord de Linas-Marcoussis", conclu en France en janvier 2003, a estimé M. Mbeki dans une lettre adressée à tous les protagonistes de la crise. Cet appel de M. Mbeki ouvre la voie à la candidature de l'ex-premier ministre Alassane Ouattara, qui avait été écarté de la course à la présidence en 2000 pour "nationalité douteuse". Cette mise à l'écart politique avait précipité l'accélération de la crise et des tensions ethniques entre le sud et les populations du nord."FAIRE USAGE DE L'ARTICLE 48"Désiré Tagro, porte-parole de du président Gbagbo, a lu à la télévision ivoirienne la lettre de M. Mbeki. Il a notamment indiqué que ce dernier "demande à son excellence le président Gbagbo de faire usage des pouvoirs attribués au président au terme de la Constitution de la Côte d'Ivoire, en particulier l'article 48, pour donner force de loi à la décision ci-dessus", selon cette lettre. Cet article donne des pouvoirs exceptionnels pour agir quand l'intégrité territoriale est atteinte. M. Mbeki a considéré que c'était le cas en raison de la partition du pays. Le médiateur sud-africain enjoint au président Laurent Gbagbo de mettre en euvre "dès que possible" cette décision.Laurent Gbagbo a toujours fait valoir qu'il faudrait amender la Constitution pour changer les lois sur la nationalité qui ont jusqu'ici empêché M. Ouattara d'être candidat. Selon lui, cela nécessiterait un référendum qui ne peut avoir lieu qu'après le désarmement des rebelles. Les rebelles ont rejeté ces arguments, ce qui a conduit le pays dans une impasse. La présidence ivoirienne n'a pas réagi dans l'immédiat à la prise de position du président sud-africain. Aussitôt la décision de M. Mbeki rendue publique, M. Gbagbo a convoqué toute une série de réunions de "concertation", à partir de lundi, avec les associations de la société civile et de l'Etat. Il recevra notamment le Parlement le 30 avril et les forces de défense le 3 mai. Mais Désiré Tagro avait déjà fait savoir précédemment que Laurent Gbagbo considérait la décision de Mbeki comme une proposition et non comme une injonction. "C'EST UNE VICTOIRE POUR NOUS " Le parti de M. Ouattara, le Rassemblement des républicains (RDR), principal parti d'opposition avec le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) de l'ex-président Henri Konan Bédié s'est félicité de cette décision. "C'est une victoire pour nous, et surtout une victoire pour les Ivoiriens. Mais ne faisons pas de triomphalisme. L'essentiel pour nous, ce sont les élections", a déclaré un responsable du RDR. Un collaborateur de Guillaume Soro, dirigeant des rebelles, a déclaré que ces derniers avaient reçu la lettre de Mbeki mais n'avaient aucun commentaire à livrer dans l'immédiat. Des observateurs ont dit redouter que les "Jeunes Patriotes", pro-Gbagbo, à l'origine en novembre d'émeutes anti-françaises qui ont contraint 8 000 étrangers à la fuite, descendent à nouveau dans les rues si M. Mbeki décidait de valider la candidature de Ouattara. Jeudi, une importante réunion doit se tenir entre les états-majors de la rébellion et de l'armée à Bouaké (centre), fief de la rébellion, pour la reprise du processus de désarmement, au point mort depuis plus de deux ans. Six mille casques bleus, appuyés par 4 000 soldats français sont toujours déployés pour séparer l'armée loyaliste et la rébellion. Avec les accords de Pretoria signés mercredi 6 avril, les protagonistes du conflit se sont engagés à mettre un terme "immédiat et définitif" à la guerre civile, à désarmer les milices et à tenir des élections comme prévu en octobre.
