Anniversaire "Têtu" célèbre ses dix ans couverture argent, 352 pages, Têtu, "le magazine des gays et des lesbiennes", célèbre ses dix ans avec ce numéro 100. Un "collector", qui paraît mercredi 20 avril, et revient sur "dix ans d'histoire d'une société française qui évolue", secouée par des débats forts comme le PACS, le mariage des homosexuels, l'homoparentalité, la lutte contre l'homophobie... Propriété de Pierre Bergé, cofondateur de la maison de couture Yves Saint Laurent, président de Sidaction, ce numéro de Têtu restera deux mois dans les kiosques. Il présente cent personnalités qui disent pourquoi elles sont "Têtu", dont Bertrand Delanoë, Elton John, William Christie, Pedro Almodovar, André Téchiné, Bob Wilson, Patrice Chéreau, Elisabeth Taylor, Susan Sarandon, Madonna, etc. Il comprend aussi un dossier sur l'apparition des "gays" à la télévision ces dix dernières années et des entretiens avec sept personnalités du monde scientifique, médical et associatif, qui reviennent sur dix ans de lutte contre le sida. Né en 1995, le mensuel est parti du constat qu'il n'y avait pas de presse homosexuelle en France. "Le rêve initial était de trouver un successeur à Gai pied, le magazine qui accompagna la libération homosexuelle en France de 1979 à 1992", explique Didier Lestrade dans le numéro 100, un des fondateurs d'Act Up Paris, aujourd'hui chroniqueur à Têtu. "Nous voulions susciter un espoir au moment le plus sombre de l'épidémie de sida tout en développant un concept qui puisse convaincre les annonceurs très réticents, à l'époque, d'associer une marque de vêtements ou de parfums à l'homosexualité", poursuit-il. Ces réticences ont été vaincues. Plusieurs annonceurs grand public convoitent aujourd'hui le "marché gay". Pour les premiers mois de l'année, "le chiffre d'affaires publicitaire a progressé de 20 %", se félicite Thomas Doustaly, rédacteur en chef. Têtu a franchi le cap des 50 000 exemplaires, avec une diffusion France payée de 50 136 exemplaires en 2004 (43 751 en 2003 et 12 000 en 1997). Le lancement ne s'est pas fait sans mal. Têtu s'est arrêté trois mois après sa parution, mais a repris dix mois plus tard. Son but : être "le seul magazine mensuel grand public destiné aux deux millions de gays et lesbiennes en France", tout en refusant d'être un "mensuel de charme". Têtu ne veut pas pas plus être un journal "100 % homos". "L'esthétique du journal est pensée et destinée aux hommes, mais les pages culture, infos, politique, etc., sont faites à lafois pour filles et garçons", se réjouit M. Doustaly, en soulignant que 10 % du lectorat est féminin.