Victoire Tennis homme : Le Russe bat Hewitt et remporte son 2e tournoi du Grand Chelem. Safin met l'Australie à genoux insi, l'Australie devra prendre son mal en patience avant de trouver un successeur à Mark Edmonson, dernier joueur à s'être imposé devant son public, en 1976. Vendredi à Melbourne, Lleyton Hewitt était à genoux sur le court de la Rod Laver Arena, après avoir décroché sa place en finale face à l'Américain Andy Roddick. Hier, c'est pratiquement une génuflexion que le natif d'Adélaïde a effectuée devant le Russe Marat Safin, vainqueur en quatre sets (1-6, 6-3, 6-4, 6-4) de la première levée du Grand Chelem 2005. Coups de génie. Tout l'inconditionnel public de la Rod Laver Arena serait descendu à ses côtés sur le court que Lleyton Hewitt n'aurait rien pu faire face à un Marat Safin revenu au niveau qui en fit un numéro 1 mondial en 2000 (Hewitt lui succéda en 2001). Rien, sinon remporter un premier set trompeur. Quasiment apporté sur un plateau par Safin qui, à l'évidence, avait encore laissé son mental et son toucher de balle au vestiaire. Allait-on assister au pire après avoir vu, jeudi, le meilleur dans cette demi-finale où le Russe abattit Roger Federer ? Au terme d'un match vite qualifié «d'anthologie», le Suisse, numéro 1 mondial, tenant du titre et invaincu depuis cinq mois, offrait, à son corps défendant, un joli cadeau de 25e anniversaire au Russe. Après le premier set hier, qu'il perd 6-1, on se pose plus ou moins sérieusement la question. Safin, réputé pour son inconstance, y répondit en deux temps, trois mouvements, étalant au vu de tous la panoplie complète du petit génie de la balle jaune. Safin au sommet de son art est un peu dans la situation d'un sculpteur auprès de qui un enfant s'étonne : «Comment saviez-vous qu'il y avait cette femme cachée dans le bloc de pierre ?» A Melbourne, on s'étonne des coups de génie cachés dans la raquette. Le troisième set est bien plus équilibré, âpre. Le gain de la manche oscille d'un camp à l'autre. Tantôt, c'est Hewitt scotché en fond de court face à un Safin mené 3-0 qui semble le mieux placé. Tantôt, c'est Safin au bord de la crise de nerfs et de crampes (il martyrise sa raquette puis fait appel au kiné), s'énervant de ne pas trouver de solution. Mais quoi de meilleur pour éviter le revers que de retrouver le sien ? Ceux de Safin fusent à près de 200 km/h le long des lignes et Hewitt devient cet homme aux semelles de plomb qui s'incline (6-4). Bien que conclu sur le même score, le quatrième set se résume à une vaine course-poursuite de l'Australien derrière Safin qui fait le break d'entrée. Congratulations. Cinq ans après avoir gagné l'US Open, Marat Safin remporte son deuxième tournoi du Grand Chelem. A l'heure du protocole, il pouvait jouer les grands seigneurs auprès de son adversaire : «Félicitations Lleyton, tu as fait un tournoi exceptionnel. Tu es un tel combattant ! Dieu t'a donné l'incroyable talent de te battre jusqu'au bout.» Dieu est décidément un sacré bon metteur en scène de spectacle sportif, donnant à l'un le talent de résister et à l'autre celui de gagner. Lleyton Hewitt ne fut pas en reste dans la distribution des compliments : «Je voudrais féliciter Marat pour son tournoi d'enfer. C'est l'un des meilleurs joueurs du monde. Il a très bien terminé la saison dernière et a éliminé le joueur qui était presque imbattable.» L'Australien sait qu'il n'y a rien d'humiliant à être battu par le meilleur.