Interdiction Télévision : Le Conseil d'Etat interdit à Eutelsat de continuer à diffuser Al-Manar en France L'opérateur de satellite dispose d'un délai de quarante-huit heures pour ôter de ses canaux les émissions de la chaîne du Hezbollah libanais qu'il reprend d'Arabsat.Statuant en référé, lundi 13 décembre, le Conseil d'Etat a sommé l'opérateur de satellite Eutelsat de cesser sous quarante-huit heures la diffusion en France d'Al-Manar, la chaîne du parti chiite intégriste Hezbollah diffusée par Arabsat. Une astreinte de 5 000 euros par jour en cas de retard pèse aussi sur l'opérateur satellitaire. Cette ordonnance fait suite à la demande du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui reproche à Al-Manar d'avoir diffusé des propos antisémites sur son antenne (Le Monde du 13 décembre).Dans son ordonnance, le Conseil d'Etat souligne qu'est "avérée l'incapacité de la société Lebanese Communication Group à mettre en conformité sa ligne éditoriale avec nos exigences légales comme avec ses engagements conventionnels" et que "la réitération des atteintes" à la loi "rend désormais urgent qu'il soit mis fin à la diffusion de cette chaîne".Sitôt l'ordonnance connue, le PDG d'Eutelsat, Giuliano Berretta, a indiqué qu'il mettait "tout en œuvre" pour appliquer la décision. Toutefois, pour des raisons techniques, l'opération devrait prendre entre 12 heures et 24 heures. De son côté, le CSA a "pris acte" de la décision du Conseil d'Etat. A la suite de la procédure engagée, le conseil de l'audiovisuel recevra les représentants d'Al-Manar vendredi 17 décembre.En France, la décision du Conseil d'Etat a suscité de nombreuses réactions. Le ministre de la culture et de la communication Renaud Donnedieu de Vabres s'est déclaré "très fier que la France déclare comme interdits de séjour des propos racistes". Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et le Consistoire central ont aussi exprimé leur satisfaction. "Le Conseil d'Etat a pris en compte les nombreuses mises en garde du CRIF sur le caractère antisémite d'Al-Manar télévision, qui fait l'apologie du terrorisme, qui dénie les droits de l'homme et qui peut entraîner des troubles de l'ordre public", écrit le CRIF, dans un communiqué.De son côté, la direction d'Al-Manar a dénoncé, lundi soir, la décision du Conseil d'Etat en la qualifiant "d'atteinte à la liberté d'expression" et de "dangereux précédent". "Le maintien de l'interdiction constitue un déni des principes depuis toujours prônés par la France et un dangereux précédent dans l'attitude de la France à l'égard des médias arabes", écrivent les responsables de la chaîne dans un communiqué. Ils soulignent que l'ordonnance du Conseil d'Etat stipule qu'une révision de la décision était possible "à la demande de l'opérateur de satellite Eutelsat ou du CSA". "Le CSA est devant ses responsabilités juridiques et il doit respecter l'accord conclu tout récemment avec Al-Manar", ajoutent-ils.Reste à savoir si la décision sera applicable. Inaccessible sur le câble et les bouquets satellites (CanalSatellite et TPS), Al-Manar pourra toujours être captée via un autre opérateur satellite qui émet sur une partie de l'Europe. Il suffira alors au téléspectateur d'orienter correctement sa parabole et d'adapter son décodeur. Ou alors de se connecter sur le site web de la chaîne où sont diffusés des extraits de la plupart des programmes.
