Élection Suède : victoire historique de la droite aux législatives L a gauche suédoise, au pouvoir depuis douze ans, a été battue d'une courte tête aux législatives par l'opposition de centre-droit, dimanche 17 septembre. Le premier ministre social-démocrate, Göran Persson, qui dirigeait le gouvernement depuis dix ans, a reconnu sa défaite devant les militants de son parti : "Les élections sont un échec. J'en tire les conséquences. Je vais remettre ma démission et celle de mon gouvernement au président du Parlement." Son rival, le leader de l'opposition de centre-droit et chef du parti des modérés, Fredrik Reinfeldt, va devenir, à 41 ans, le prochain premier ministre, un coup de maître pour ce politicien qui menait sa première campagne nationale et qui n'a aucune expérience du pouvoir exécutif. La défaite de la gauche est un tremblement de terre politique en Suède où les sociaux-démocrates ont régné, seuls ou avec des alliés, soixante-cinq ans sur les dernières soixante quatorze années en modelant un Etat-providence couplé à un capitalisme vigoureux. "Je veux diriger la Suède comme représentant de tous les Suédois", a aussitôt affirmé M. Reinfeldt qui a promis des réductions d'impôt et des privatisations. CAMPAGNE SUR LE THÈME DE L'EMPLOI La coalition de droite, baptisée l'Alliance, a obtenu 48,1 % des voix alors que la gauche recueillait 46,2 % des suffrages, selon le décompte officiel de la commission électorale portant sur 99 % des circonscriptions. Selon les projections des télévisions, la droite devrait avoir 178 députés au Parlement contre 171 pour la gauche. Göran Persson, qui a défendu pendant la campagne son bilan économique, paye une certaine usure du pouvoir et un comportement parfois jugé autoritaire. "Nous n'accepterons jamais l'alternance de droite. Nous reviendrons. Mais ce come-back se fera sans moi", a déclaré le premier ministre sortant. "La victoire est collective, la défaite solitaire. Je prends l'entière responsabilité de cet échec", a-t-il ajouté. M. Persson briguait un troisième mandat avec un bilan économique plus qu'honorable par rapport aux autres pays européens : taux de croissance de 5,6 % pour le deuxième trimestre, excédents budgétaires, taux de chômage en baisse à 5,7 % en août, exportations à la hausse. Mais la droite a fait campagne en estimant que ces chiffres étaient tronqués, accusant le gouvernement de cacher de "faux" chômeurs et promettant de remettre le pays au travail.