Dernier/e Stand Watie, le dernier rebelle Le 23 juin 1865, le dernier général confédéré dépose les armes et se rend avec le reste de ses troupes aux forces de l'Union, deux mois après la capitulation de Robert Lee et de l'Armée de Virginie face à Ulysses Grant. Symbole à la fois de deux causes perdues pour lesquelles il a lutté, le général de brigade Stand Watie a la particularité d'être le seul Indien à avoir atteint le grade de général durant la Guerre de Sécession. Un traité au goût amer Né en Georgie le 12 décembre 1806, De-Ga-Ta-Ga, de son nom anglicisé Stand Watie, «celui qui se tient fermement debout», joua un rôle politique de premier plan dès le début des années 1830 à la tête de la nation cherokee, face au gouvernement des États-Unis. Il fut un des signataires du traité de New Echota en 1835, par lequel les Cherokees cédèrent les terres ancestrales de Caroline du Nord et de Georgie aux États-Unis, en échange d'argent et de terres dans le Territoire Indien (actuellement l' État d'Oklahoma). Ce traité fut rejeté par près de 90% des Indiens cherokee et scinda la communauté en deux factions rivales qui s'opposèrent violemment jusqu'au milieu des années 1840. Environ 2.000 Cherokees seulement se rendirent volontairement sur leurs nouvelles terres et il fallut l'intervention des forces fédérales, aidées de la milice de Georgie, en 1838, pour faire appliquer les clauses du traité. 4.000 Indiens périrent lors de leur exode forcé, et un millier s'échappèrent en se cachant dans les montagnes. Cet épisode dramatique de l'histoire cherokee est connu sous le nom de «Trail of Tears» (le Chemin des Larmes). Éduqué, riche, vivant à l'occidentale, Stand Watie était de son côté devenu un propriétaire d'esclaves ainsi que beaucoup d'autres Indiens du Sud… On estime qu'environ 1.600 esclaves noirs travaillaient pour le compte de propriétaires cherokees. Comme leurs homologues blancs, ceux-ci étaient partagés sur le caractère profondément immoral de l'esclavage. Les Cherokees au service de la Confédération Lorsque éclate la guerre de Sécession, Stand Watie s'engage loyalement pour le Sud, espérant, en échange de son soutien, obtenir l'indépendance pour la Nation qu'il représentait. Nommé colonel en juillet 1861, il forme un régiment de cavalerie cherokee qu'il met au service des armées confédérées. Son rayon d'action ne se limite pas exclusivement aux territoires indiens, bien que les Indiens soient en principe exempts de service en-dehors de leurs terres. Les troupes de Stand Watie participent ainsi à de nombreux engagements et se font rapidement remarquer par leur bravoure et leur intrépidité. Elles sont aussi redoutables dans les batailles rangées menées aux côtés des troupes confédérées que lors d'escarmouches et de raids menés derrière les lignes de l'Union (une spécialité partagée par d'autres Sudistes, plus ou moins affiliés aux armées régulières). Stand Watie est promu général de brigade en mai 1864, et reçoit le commandement de la 1ère Brigade Indienne. Environ 3 .000 Cherokees ont ainsi servi la Confédération, dont la plupart sous les ordres de Stand Watie. D'après certaines estimations, la population cherokee est tombée de 21.000 âmes au début du conflit à 14.000 à la fin. Malgré l'admiration et le respect que leur ont témoigné leurs frères d'armes blancs du Sud pour leur loyauté et leur courage, Stand Watie et les Cherokees sont sortis malheureusement de la guerre doublement perdants et oubliés. Après la guerre, Stand Watie devient membre de la délégation des Cherokees du Sud durant la négociation du «Cherokee Reconstruction Treaty» de 1866. Il abandonne ensuite la vie politique et retourne vivre sur ses terres, où il meurt le 9 septembre 1871. C'est aujourd'hui une figure légendaire en Amérique du Nord.