Annonce Sri Lanka : l'armée de Colombo ravit aux Tigres une position stratégique dans le Nord-Est L'armée sri-lankaise a remporté une victoire majeure sur les Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE) en prenant, lundi 4 septembre, la localité de Sampur d'où l'artillerie des Tigres menaçait le port de Trincomale, situé dans le nord-est de l'île. "Nos troupes se sont emparées de Sampur", a annoncé, dans un tonnerre d'applaudissements, à son parti le président Mahinda Rajapakse. L'armée présente l'offensive sur Sampur comme une réaction de défense face aux tirs des Tigres sur la base navale de Trincomale. Le président Rajapakse avait prévenu, en août, qu'il était essentiel de mettre un terme aux menaces du LTTE sur Trincomale, port d'où partent les troupes et le ravitaillement vers la péninsule de Jaffna, coupée du reste du Sri Lanka depuis la fermeture, le 11 août, de la seule route qui relie Colombo, la capitale, à Jaffna, à travers un territoire sous contrôle du LTTE. L'aéroport de la péninsule est aussi inutilisable en raison des menaces de l'artillerie du LTTE. Quelque 350 000 civils et environ 50 000 soldats vivent à Jaffna. Le trajet en bateau de Trincomale à Jaffna s'effectue en douze heures environ, alors qu'il en faut cinquante de Colombo à Jaffna. APPELS À NÉGOCIER Les Tigres n'avaient pas officiellement réagi à cette défaite stratégique, lundi, dans une région où ils ont été considérablement affaiblis, en 2004, par la défection de leur principal commandant militaire, le colonel Karuna. Il y a une semaine, ils avaient toutefois prévenu que si l'armée voulait s'emparer de Sampur, une telle option représenterait la fin du cessez-le-feu signé en février 2002 et toujours en vigueur sur le papier à défaut de l'être sur le terrain. Près de 1 500 personnes ont été tuées depuis le début de l'année dans des incidents liés au conflit qui oppose le LTTE, qui se bat pour l'obtention d'une patrie pour la minorité tamoule du Sri Lanka, au gouvernement à majorité cinghalaise. Malgré les appels du président à un règlement négocié, le risque est grand de voir les militaires tenter de poursuivre leur avantage. Chef d'état-major de l'armée qui a récemment échappé à une tentative d'attentat-suicide attribuée au LTTE, le général Sarath Fonseka fait partie de ceux qui pensent qu'il faut et qu'il est possible d'écraser militairement le LTTE. Françoise Chipaux
