Crise Soulèvement social en Chine du SudEmeute de 50 000 ouvriers migrants à Dongguan.le scénario est à chaque fois le même : un incident mineur dégénère en émeute, signe d'un climat social particulièrement tendu actuellement en Chine. Cette fois, c'est Dongguan, une ville-usine de plusieurs millions d'habitants dans le sud de la Chine, qui a été samedi le théâtre d'incidents mettant aux prises jusqu'à 50 000 protestataires et des centaines de policiers, faisant, selon la presse de Hongkong, plusieurs morts.«Paysans-ouvriers». L'étincelle serait venue d'une banale histoire de moto un peu confuse, mais qui a vite dégénéré en explosion de colère de la part des travailleurs migrants venus de tous les coins de Chine pour servir une machine industrielle lancée à plus de 9 % de croissance. Dongguan est situé au coeur du delta de la rivière des Perles, une région proche de Hongkong qui fournit un tiers des exportations chinoises, notamment dans l'électronique et le jouet. Les mingongs, littéralement les «paysans-ouvriers», se plaignent souvent d'être maltraités : exploités par leurs employeurs, malmenés par les autorités, méprisés par les citadins.Selon un témoin cité par l'AFP, «les policiers frappaient tous ceux qui ressemblaient à des migrants», signe du caractère ciblé des incidents. Le gouvernement a promis ces derniers mois des améliorations au sort des migrants, appelant à ce que leurs salaires soient correctement payés et permettant l'ouverture d'écoles pour leurs enfants dans les zones urbaines. Mais il y a loin des paroles aux actes, et les dizaines de millions de mingongs restent au bas de l'échelle sociale, considérés, surtout dans cette région de Chine du Sud, comme de la chair à canon pour la production industrielle.Le climat s'est dégradé dans le delta de la rivière des Perles, où les autorités ont fait état cette année d'une pénurie de 1,5 à 2 millions d'ouvriers, attribuée par les experts à un refus des conditions de travail et de salaire. En octobre, les employeurs avaient été surpris par la première grève de 3 000 ouvrières mingongs d'une usine de composants électroniques de Shenzhen, près de Dongguan, qui avaient obtenu 170 % d'augmentation de salaire : après la grève, elles recevaient royalement 600 yuans (60 euros) par mois, pour douze heures de travail par jour, sept jours sur sept (Libération du 15 novembre).Médiation. Plus généralement, les explosions de violence ont été plus nombreuses ces derniers mois en Chine, qu'il s'agisse d'un affrontement entre musulmans de la minorité hui et paysans han dans la province du Henan, ou des protestations de paysans de la province du Sichuan s'opposant à un barrage construit sur leurs terres. Ces incidents sont réglés par les autorités en usant de la force mais aussi en lâchant du lest. A chaque fois se pose l'absence de médiation sociale dans ce pays autoritaire : les migrants, plus que tout autre groupe, n'ont souvent pas d'autre moyen d'expression que la violence.
