Annonce Sommet à haut risque pour une Europe en criseLes dirigeants de l'Union européenne se retrouvent, jeudi après-midi 16 juin, à Bruxelles, dans une ambiance tendue, pour un sommet de crise, après le non de la France et des Pays-Bas à la Constitution européenne. Ils tenteront d'éviter un nouvel échec, cette fois sur le futur budget communautaire 2007-2013, au cœur d'un affrontement opposant le premier ministre britannique, Tony Blair, au président français, Jacques Chirac, appuyé par le chancelier allemand, Gerhard Schröder. Président en exercice de l'UE, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a dramatisé l'enjeu, mercredi, en s'affirmant "presque sûr" de ne pas parvenir à un compromis. Il a attribué l'impasse à la détermination de M. Blair à préserver le rabais accordé depuis 1984 au Royaume-Uni, mais lui a fait quelques concessions mercredi soir. Le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, a dit rester "confiant" qu'un accord était "à la portée" des Vingt-Cinq. Le sommet doit débuter à 17 heures. Les chefs d'Etat et de gouvernement entreront vraiment dans le vif des débats lors d'un dîner de travail consacré au sort de la Constitution, où ils tenteront de s'entendre sur une déclaration commune.VERS UNE PROLONGATION DU PROCESSUS DE RATIFICATIONL'ambiance semble aller vers une prolongation du processus de ratification du traité, pour stopper la dynamique du non dans un nombre croissant de pays depuis les référendums français et néerlandais, notamment au Luxembourg, qui sera le prochain à voter, le 10 juillet."La prudence recommande que, collectivement, on envisage une période de réflexion, une pause", a estimé, mercredi, M. Barroso, afin d'éviter une multiplication des rejets du texte constitutionnel après les non français et néerlandais."L'objectif de la présidence (de l'UE) est de préserver le processus de ratification et le projet de Constitution. Pour cela, on a besoin de plus de temps", a déclaré le ministre délégué aux affaires étrangères luxembourgeois, Nicolas Schmit. Dans une interview au Figaro daté de mercredi 15 juin, le premier ministre britannique a également estimé, à la différence du président Jacques Chirac, qu'il est nécessaire d'effectuer une pause dans les ratifications. "Mon opinion personnelle, c'est qu'il ne serait pas sensé de poursuivre pour le moment avec les référendums."BLAIR EST REPARTI EN GUERRE Sur la question du budget de l'UE, la négociation n'est programmée qu'à partir de vendredi.Le dernier projet de compromis dévoilé par la présidence luxembourgeoise maintient l'idée de geler le rabais britannique à partir de 2007, mais il abandonne celle de le réduire ensuite. Il pose aussi pour principe que l'évolution du rabais après 2013 sera liée à celle des dépenses de la politique agricole commune (PAC). M. Blair est reparti en guerre, ces derniers jours, contre le coût de la PAC, dont il a réclamé la remise à plat en réponse au président Chirac, adversaire numéro un de la ristourne de Londres. Outre le rabais britannique, d'autres obstacles se dressent sur la voie d'un accord, notamment la position dure des Pays-Bas pour voir baisser leur contribution nette aux finances communautaires et la menace de veto de l'Italie, qui craint de perdre les aides au Mezzogiorno (sud de l'Italie) défavorisé.
