Annonce Slobodan Milosevic est mort d'un infarctus du myocarde, selon le rapport d'autopsieL'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic est mort d'un "infarctus du myocarde", selon les premières conclusions du rapport d'autopsie rendues publiques, dimanche soir 12 mars, par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY).Ces premières conclusions ne permettent pas de "tirer la moindre conclusion" sur un éventuel empoisonnement de l'ancien président, a indiqué la porte-parole du tribunal, Alexandra Milenov, en réponse à une question lors d'une brève conférence de presse. "Il est trop tôt (...), les médecins doivent encore rédiger leur rapport final", a-t-elle expliqué."Les médecins ont identifié deux affections cardiaques dont Slobodan Milosevic souffrait, qui, selon eux, expliqueraient l'infarctus du myocarde", a précisé le TPIY dans un communiqué, sans donner de précision sur ces deux causes."La dépouille mortelle de Slobodan Milosevic sera remise demain [lundi] à la famille", a-t-on ajouté de même source.Outre l'autopsie, une analyse toxicologique a été réclamée par le TPIY pour établir les causes de la mort de l'ex-président yougoslave, à l'âge de 64 ans. "Cette analyse se poursuit", a précisé Mme Milenov, ajoutant que le tribunal n'en attend pas les conclusions "avant plusieurs jours".Une source proche du TPI avait indiqué plus tôt à l'AFP que l'ancien président yougoslave était mort d'un arrêt cardiaque."ILS VEULENT M'EMPOISONNER"L'autopsie demandée par le TPIY, pratiquée par des médecins néerlandais et serbe, a débuté dimanche à 14 h 30 GMT (15 h 30 à Paris) et s'est terminée à 18 h 45 GMT (19 h 45 à Paris). Cette autopsie s'est déroulée "de manière professionnnelle", ont estimé les observateurs serbes qui y ont assisté, cités par l'agence ANP, précisant que tout avait avait été filmé.La polémique sur les circonstances de la mort avait été lancée dès samedi par les proches de l'ancien dirigeant. Elle a rebondi dimanche quand l'un de ses avocats, Zdenko Tomanovic, a déclaré à La Haye que Milosevic s'était affirmé victime d'une tentative d'empoisonnement dans une lettre écrite à la veille de sa mort."Ils veulent m'empoisonner, écrivait-il vendredi à l'ambassade de Russie, selon l'avocat. Je suis sérieusement préoccupé et inquiet." M. Milosevic écrivait, selon son avocat, que des analyses de sang réalisées le 12 janvier et communiquées début mars par le TPIY révélaient la présence à haute dose d'un médicament utilisé dans le traitement de la lèpre ou de la tuberculose.Le procureur du TPI, Carla Del Ponte, a refusé, dimanche, lors d'une conférence de presse, de commenter ce qu'elle a qualifié de "rumeurs" d'empoisonnement de Slobodan Milosevic, mais n'a pas exclu un suicide de l'ancien président yougoslave.CONTROVERSE SUR LES FUNÉRAILLESOutre les circonstances de sa mort, les funérailles de Slobodan Milosevic sont elles aussi objet de controverse.Borislav Milosevic s'est prononcé en faveur d'un enterrement de son frère "dans son pays", assurant qu'il était parti "invaincu" et même "sorti vainqueur moralement de ce procès politique".Mais un enterrement en Serbie, où sa femme, Mirjanaa Markovic, et son fils Marko – que l'on dit réfugiés incognito en Russie – font l'objet de poursuites judiciaires, pose de nombreux problèmes.Le président serbe, Boris Tadic, a annoncé, dimanche soir, qu'il refusait de gracier Mirjana Markovic, accusée par la justice de Serbie-Monténégro d'abus de pouvoir, ce qui rend difficile l'organisation de funérailles dans son pays. "Le président estime que des funérailles nationales pour Slobodan Milosevic seraient absolument inconvenantes en raison du rôle qu'il a joué dans l'histoire récente de la Serbie", a déclaré la présidence.Le ministre des affaires étrangères de Serbie-Monténégro, Vuk Draskovic, ancien opposant au régime de M. Milosevic, a, pour sa part, qualifié de "honte" les réactions publiques en Serbie après le décès de l'ex-président. "Par le fait d'élever un tueur en série au rang de héros national, ses victimes sont tuées à nouveau et la Serbie se déshonore elle-même", a-t-il dit.
