Procès Ski. En 2001, la championne française s'est tuée lors d'une descente d'entraînement non programmée.Prison avec sursis après la mort de CavagnoudLe tribunal correctionnel d'Annecy a rendu son verdict hier dans l'affaire de l'accident qui a causé la mort de la championne de ski Régine Cavagnoud, en octobre 2001, sur le glacier autrichien du Pitzal. Les deux prévenus, Xavier Fournier, l'entraîneur, et David Fine, le starter, poursuivis pour «homicide et blessures involontaires», ont été condamnés à trois mois de prison avec sursis une peine couverte par l'amnistie présidentielle après paiement des amendes, soit 5 000 euros chacun. Ce jugement est plus clément que le réquisitoire du 13 mai, puisque le procureur de la République avait demandé de quatre à six mois de prison avec sursis et des amendes de 10 000 euros. La défense, qui avait réclamé la relaxe, a parlé d'injustice : «Les vrais responsables ne sont pas devant le tribunal», a-t-elle indiqué, qualifiant Xavier Fournier et David Fine de «boucs émissaires qui ne peuvent payer pour des fautes qu'ils n'ont pas commises».Reste à savoir si les différentes parties vont renvoyer tout le monde vers la cour d'appel de Chambéry. Une décision qui ne pourrait venir que de la défense, même si les deux accusés n'ont été condamnés de fait qu'à une simple amende.La Fédération française de ski (FFS) a, elle, été contrainte de verser 24 000 euros à chacun des parents, 16 000 euros à Valérie, soeur de la skieuse, 28 000 à son compagnon ainsi que 8 000 euros de frais (somme globale de 100 000 euros qui pourrait bien être couverte par l'assureur fédéral).Double feu vert. Lors de cet entraînement de vitesse organisé en commun avec l'équipe d'Allemagne, le 29 octobre 2001, Régine Cavagnoud, championne du monde de super G, avait demandé à effectuer une descente supplémentaire, qui ne figurait pas au programme. La jeune femme de 31 ans avait obtenu le feu vert de son entraîneur et du starter, s'était élancée et avait percuté, à plus de 80 km/h, un entraîneur allemand, Markus Anwander, qui, non prévenu du départ de la skieuse, traversait la piste. La suite avait été dramatique : Régine Cavagnoud succombait à ses blessures deux jours plus tard et l'entraîneur allemand avait été grièvement blessé.Mais ce procès où Markus Anwander et la famille Cavagnoud sont parties civiles aura au moins permis de mettre officiellement en cause ces entraînements non officiels de vitesse en ski alpin. Car, depuis, rien n'a vraiment changé. Jean-Philippe Vuillet, entraîneur national à l'époque, avait d'ailleurs affirmé à la barre : «Après l'accident, on a essayé de changer les choses mais on s'est heurté à un mur. Peut-être que ça coûtait trop cher.»Sécurité. Alain Méthiaz, président de la FFS depuis novembre, a profité de cette mise en lumière pour saisir officiellement la Fédération internationale (FIS) et son président, Gianfranco Kasper, afin qu'ils se penchent concrètement sur la sécurité de ces entraînements. «Le président de la FIS a déjà accusé réception de ma demande, a expliqué Alain Méthiaz hier au téléphone. Mais la FFS ne peut agir seule. Le ministère des Sports a également été sollicité au travers du conseil supérieur des sports de montagne.» Une démarche qui pourrait enfin aboutir à la révision de méthodes critiquées par l'ensemble de l'encadrement et des athlètes.
