Attentat Six attentats frappent la capitale économique du sud de la ThaïlandeL'explosion de six bombes, placées dans l'intention de tuer le plus grand nombre possible d'innocents, dans la capitale économique du sud musulman de la Thaïlande, a porté le conflit qui sévit dans cette région à un nouveau palier. Le bilan est de 4 morts, dont un enseignant canadien, et de plus de 80 blessés.Les bombes ont explosé en séquence rapprochée, à partir de 21 h 15, samedi, à Hat Yai, la plus grosse agglomération de la région, jusqu'à présent restée à l'écart du conflit malgré un attentat, commis en 2005, qui avait fait 2 morts. L'attaque de samedi visait des galeries marchandes et des bars, dans le centre de la ville, porte d'entrée du Sud à population majoritairement malaise.Les attentats n'ont pas plus été revendiqués que ceux perpétrés dans les trois provinces méridionales depuis janvier 2004, qui ont fait quelque 1 500 morts. Les autorités soupçonnent une action d'une branche violente du Gerakan Mujahidin Pattani, un groupe indépendantiste.La guérilla séparatiste, teintée d'islamisme radical, visait plutôt, jusqu'à présent, des individus ou emblèmes de ce qui est perçu comme représentant le pouvoir de Bangkok sur une région colonisée depuis deux siècles et annexée en 1909 : temples bouddhistes, agents gouvernementaux, supplétifs locaux à l'autorité nationale, écoles publiques... C'est la première fois qu'une attaque prend la forme de tels attentats. Ils rappellent ceux, revendiqués par des islamistes proches de la mouvance Al-Qaida, qui ont endeuillé l'île indonésienne de Bali en 2002 puis en 2005, faisant plus de 220 morts.L'inquiétude quant à la participation possible d'éléments islamistes extérieurs à la guérilla thaïlandaise augmente à Bangkok. Les six attaques ont été préparées de manière méthodique : des explosifs cachés dans les réservoirs de cyclomoteurs et mis à feu à l'aide de téléphones portables. L'attaque fait suite à une spectaculaire série d'attentats commis, le 31 août, dans la province voisine de Yala, contre 22 agences bancaires. Le général Thammarak Isarangkura na Ayudhaya, ministre de la défense, a reconnu "une faille dans le dispositif de sécurité" alors même, a-t-il dit, que les renseignements militaires s'attendaient à une attaque contre le poumon économique de la région. Le gouvernement hésite à étendre à Hat Yai l'état d'urgence qui prévaut alentour, de crainte d'aggraver le climat. "Le gouvernement doit adopter une nouvelle politique pour le Sud", celle du premier ministre, Thaksin Shinawatra, fondée sur la manière forte, n'ayant pas réussi, écrit, lundi, le Bangkok Post. Le quotidien anglophone titrait ainsi son éditorial : "Le coût mortel de l'échec".
