Mort de Simone Oppliger

Mort Simone Oppliger, photographe suisse La photographe suisse Simone Oppliger est morte à Lausanne, jeudi 4 mai, des suites d'un cancer. Elle était âgée de 58 ans. Née le 23 juin 1947 dans le Jura bernois, attachée à ce coin de terre aride qui produit des travailleurs de l'industrie de précision, des gens farouchement épris d'indépendance, parfois jusqu'à l'anarchisme militant, Simone Oppliger était une rebelle douce qui refusait tout simplement de faire ce qu'elle n'aimait pas et qui aimait découvrir dans le regard des gens qu'elle photographiait ou dans les paysages le clin d'oeil de l'insoumission, l'esprit d'enfance, tout le contraire de la résignation, tout le contraire aussi de la violence, de la méchanceté, de l'amertume. Ses livres, parmi lesquels le célèbre Quand nous étions horlogers (Payot, 1981), sur les conséquences de la crise qui affecte alors l'industrie horlogère, ses reportages en Afrique du Nord, en Amérique latine, parus dans la presse suisse et dans de nombreuses expositions personnelles ou collectives, sont d'une artiste humaniste qui savait aussi écrire dans un style rigoureux et espiègle. Couronnée de nombreux prix, elle était membre du collectif suisse romand Focale, dans lequel elle donnait beaucoup de temps à la formation du regard des jeunes photographes par sa présence chaleureuse et drôle. "Chez moi au Jura, la terre est si sérieuse. Rien ne vient facilement ni en abondance, ni les fruits, ni la parole, encore moins les visiteurs. Mais quand les choses se font rares, elles deviennent précieuses. Ici rien ne distrait de l'essentiel. Les lignes sont droites et leur dessin évident. La terre, le ciel. Peut-être sommes-nous ainsi plus proches de sentiments essentiels, de l'idée de la vie et de la mort", disait-elle, avec des mots qui caractérisent aussi ses images éprises de la vie. En 1986, Simone Oppliger avait publié chez Favre un très beau livre de ses textes et de photos liés à un crime passionnel : L'Amour mortel.