Annonce Sharon exhorte les Juifs à quitter la France Le Premier ministre israélien a dénoncé dimanche "l'antisémitisme déchaîné" qui se répand dans l'Hexagone. Paris a aussitôt dénoncé ces propos comme "inacceptables" et demandé des "explications" aux autorités israéliennes. Voici une sortie qui risque de faire couler beaucoup d'encre. Elle vient tout droit de la bouche du Premier ministre israélien. Au cours d'une réunion publique avec des représentants d'associations juives américaines, Ariel Sharon n'a pas hésité à parler d' "absolue nécessité" pour les Juifs de France de quitter ce pays "aussi vite que possible". "Je propose à tous les Juifs de venir en Israël", a d'abord dit le chef du gouvernement israélien, avant de considérer que c'était "absolument nécessaire pour les Juifs de France", car 'il s'y répand un antisémitisme des plus sauvages". "Le fait que 10% de la population française soit constituée de musulmans fournit un terreau à une nouvelle forme d'antisémitisme", a analysé Ariel Sharon, qui a toutefois reconnu que le "gouvernement français a pris des mesures" contre des actes antisémites et la propagande antijuive. Le président Jacques Chirac a souhaité le 16 juin que la justice prononce des "peines exemplaires" contre les actes antisémites. Le ministère français des Affaires étrangères a aussitôt dénoncé ces propos comme "inacceptables" et annoncé qu'il demandait des "explications" aux autorités israéliennes. "L'âme de ce pays" Réagissant aux propos d'Ariel Sharon, Haïm Korsia, proche collaborateur du Grand Rabbin de France Joseph Sitruk, a affirmé dimanche que le départ des juifs de France "ne se posait pas". "Juifs de France, cela ne veut rien dire, il y a des citoyens français qui sont juifs comme d'autres ont une autre religion". "Nous sommes une partie de l'âme de ce pays", a-t-il dit. "Même si la situation est difficile pour les juifs en France, notre devoir est d'améliorer cette situation et qu'il y ait prise en charge de ce problème par toute la société", a-t-il conclu. Richard Prasquier, membre du bureau exécutif du Conseil représentatif des institutions juives de France, a estimé pour sa part qu'Ariel Sharon "mettait de l'huile sur le feu de façon inacceptable". "Nous savons tous que la situation des juifs en France est difficile, la communauté juive est dans une inquiétude réelle pour l'avenir de ses enfants, elle sait que la classe politique française fait tout pour lutter contre cet antisémitisme", a-t-il déclaré. "Mais partir de la façon dont Sharon le demande, cela veut dire qu'on considère que la situation ne peut plus être maîtrisée, c'est l'admission d'une défaite", a-t-il conclu. Précisions... Lundi matin, le porte-parole du gouvernement israélien est monté au créneau pour apaiser les esprits :  "Sharon a été mal compris", a affirmé Avi Pazner sur Europe 1, il parlait des juifs "du monde entier". "Il n'y a pas lieu de mal interpréter ce qu'il a dit", a-t-il ajouté. En début de soirée, un des porte-parole d'Ariel Sharon s'était déjà fendu d'un message d'amitié envers le président Chirac : "Le Premier ministre tient également à faire savoir qu'il éprouve une très grande estime pour la lutte sans merci contre l'antisémitisme menée par le président Jacques Chirac et le peuple français. De ce point de vue, la France est à l'avant-garde et constitue un exemple pour les autres pays européens." Durant le premier semestre 2004, les actions antisémites (132) ou racistes et xénophobes (95) recensées en France ont été plus nombreuses que pendant toute l'année 2003 (127 et 92), selon le ministère de l'Intérieur français. Plus de deux mille Français d'origine juive immigrent chaque année en Israël. Leur nombre avait fortement augmenté en 2002 mais reculé légèrement en 2003.