Annonce Seuls deux candidats, sur les douze en lice pour la présidentielle, ont de réelles chances de l'emporter.Quinze ans après la chute de la dictature de Ceausescu, 18 millions de Roumains sont appelés à choisir dimanche le président et le gouvernement qui piloteront la dernière ligne droite avant l'adhésion du pays à l'Union européenne, début 2007. Douze candidats sont en lice pour le premier tour, mais deux seulement ont une chance de l'emporter. A gauche, le distingué Adrian Nastase, 54 ans, Premier ministre sortant. A droite, le fort en gueule Traian Basescu, 53 ans, maire de Bucarest et ancien capitaine de marine marchande. «Mafieux». Bien que les sondages donnent un léger avantage à Nastase et à son Parti social-démocrate (PSD), «la partie n'est pas gagnée», avertit Cristian Pirvulescu, directeur de l'ONG Pro Democratia. Les deux camps se sont livré une bataille sans merci. Traitant Nastase de «mafieux», l'alliance d'opposition Justice et vérité (DA) a lancé des affiches montrant des rats en train de dévorer un morceau de fromage aux formes de la Roumanie. Le thème de la corruption un fléau qui fait de la Roumanie le pays le plus corrompu des candidats à l'UE est au centre de sa campagne. Apportant de l'eau au moulin de l'opposition, la presse a publié mardi des comptes rendus de réunions du PSD, où de hauts responsables du parti évoquent leurs démarches pour que la justice bloque les enquêtes sur le pouvoir et s'active en revanche sur les affaires compromettantes pour le camp adverse.De son côté, la gauche a enfourché la colère de l'Eglise orthodoxe, majoritaire en Roumanie, en publiant des affiches pour dénoncer le soutien de Basescu au mariage gay. Pour Mircea Vasilescu, directeur de l'hebdomadaire Dilema Veche, «la partie se jouera davantage sur la personnalité des deux principaux candidats, que sur leur programme, assez similaire» : tous deux promettent la baisse des impôts, l'attrait des investissements étrangers et l'adhésion à l'UE, le 1er janvier 2007. Nastase a, pour lui, son bilan gouvernemental : l'adhésion à l'Otan, la suppression des visas pour l'espace Schengen et une croissance économique de 7 % cette année. Mais, souvent qualifié d'«arrogant» et de «hautain», il a dû multiplier les bains de foule afin de paraître plus proche du peuple. Un handicap que n'a pas le charismatique Traian Basescu, dont les Roumains adorent le naturel et le franc-parler.Arbitre. L'une des inconnues est le score du leader populiste et xénophobe Corneliu Vadim Tudor. Voilà quatre ans, il avait obtenu 23 % des voix, se qualifiant, à la surprise générale pour le deuxième tour. Aujourd'hui, les sondages ne lui donnent plus que de 12 à 15 % des intentions de vote, mais son Parti de la Grande Roumanie pourrait se retrouver en position d'arbitre au Parlement. Quant à Ion Iliescu, l'un des derniers dinosaures de l'ère communiste en Europe, il ne tire pas pour autant sa révérence. A 74 ans, faute de pouvoir briguer un troisième mandat à la tête du pays, il est candidat au Sénat et devrait surtout reprendre les rênes du PSD.
