Réforme de l'assurance-maladie; Avant le 1er juillet, chaque assuré devra avoir choisi son «médecin traitant»

Changement D'ici au 1er juillet, chaque assuré devra avoir choisi son «médecin traitant» Assurance-maladie : comment la réforme va changer les habitudes Il régnait déjà une certaine opacité autour des tarifs et des honoraires médicaux, elle devrait s'aggraver. Votée cet été, négociée dans son détail en fin d'année, la réforme de l'assurance-maladie entre en application aujourd'hui. Alors que le déficit de la branche maladie est de 13,2 milliards d'euros en 2004, l'objectif est clairement de redresser la barre. Le gouvernement s'est d'ailleurs engagé à porter les comptes à l'équilibre en 2007. Dans cette optique, le plan Douste-Blazy contient d'abord une série de mesures financières pour un montant de 4,2 milliards d'euros environ, comme une hausse de la CSG, une contribution de 1 euro par acte médical, un relèvement du forfait hospitalier... Il prévoit aussi 1 milliard d'euros d'économies sur les prescriptions de médicaments et les arrêts de travail. A côté de cela, il instaure des nouvelles règles d'accès aux cabinets médicaux, propres à faire changer les comportements. Actuellement, les assurés sociaux peuvent consulter autant qu'ils veulent, en ville ou à l'hôpital. Peu de personnes abusent sciemment du système en pratiquant à grande échelle le nomadisme médical. Il n'empêche, même pratiquée «raisonnablement», la liberté d'aller et venir finit par coûter cher et par générer des actes inutiles qui vont parfois à l'encontre des recommandations de santé publique. Chaque année, les hôpitaux doivent soigner 130 000 patients ayant consommé trop de médicaments ! Le nouveau système du médecin traitant se mettra en place entre janvier et juillet. Il devrait permettre de réguler le niveau de consommation de soins. Chaque assuré de plus de 16 ans choisira nominativement un médecin. Il sera en quelque sorte son médecin de famille. Ce praticien le soignera en premier recours et, le cas échéant, l'orientera vers un spécialiste. Le patient pourra toujours se rendre de son propre chef chez un spécialiste, mais il devra alors payer un supplément, et sera moins bien remboursé. Aprement négociée avec les syndicats de médecins, une grille tarifaire très complexe accompagne ce nouveau parcours de soins. Bien malins ceux qui sauront calculer par avance à l'euro près ce qu'ils auront à payer chez leur médecin. Il régnait déjà une certaine opacité autour des tarifs et des honoraires médicaux, elle devrait s'aggraver. Les médecins pourront être conventionnés ou non, en honoraires libres ou non, dans un parcours de soins ou en dehors, avec une option conventionnelle ou non, en accès direct comme les gynécologues, avec des tarifs majorés comme les psychiatres... «Il faut retenir que les patients auront financièrement intérêt à suivre un parcours de soins. En dehors de cette filière, ils devront non seulement payer un supplément d'honoraires, mais seront aussi remboursés à un taux moindre», résume-t-on à la Caisse nationale d'assurance-maladie. Ce principe simple devrait avoir quelques conséquences structurantes fortes. Les Français ont pris l'habitude de se rendre très facilement chez un spécialiste, même pour des maux bénins. Le nouveau parcours de soins devrait davantage les en dissuader et donner un poids plus important au généraliste. Le système français repose sur un taux de cotisation très élevé – l'assuré paie cher au départ –, mais demande peu de «participation finale» : les taux de remboursement, en dehors des soins d'optique et dentaires, sont assez élevés, en comparaison avec les pratiques européennes. A partir de cette année, les assurés devront payer plus pour leur santé «aux deux bouts de la chaîne».