Médaille Sandra Laoura, à peine revenue de blessure, décroche la médaille de bronzeSandra Laoura pleure et rit à la fois, après avoir retiré son casque noir. La vie peut être à la fois belle et déroutante. A 25 ans, elle, la fille de Constantine (Algérie), frileuse comme pas une, côtoie sur la troisième marche du podium olympique du ski de bosses, samedi 11 février, deux rivales du Grand Nord : la Canadienne Jennifer Heil, vainqueur, et la Norvégienne Kari Traa.Débarquée à l'âge de deux ans à La Plagne (Savoie) avec sa mère, ses frères et sa soeur pour rejoindre un père travaillant en France, Sandra s'est initiée au ski alpin au club local avant de bifurquer vers le freestyle, qu'elle trouvait plus ludique. Ce club l'a aidée à obtenir la nationalité française à l'âge de 19 ans. Mais sa prometteuse 8e place aux JO de Salt Lake City (Etats-Unis) en 2002 tardait à se confirmer.Sa participation aux JO de Turin a même semblé sérieusement compromise lorsque, le 6 décembre 2005, elle s'est brisé le trochiter (extrémité supérieure de l'humérus) en percutant un tremplin lors d'un stage d'entraînement à Tignes (Savoie). Son retour dans les bosses n'a été autorisé qu'à la mi-janvier. Une 2e place en Coupe du monde à Spindleruv Mlyn (République tchèque), le 4 février, lui a cependant redonné espoir."Le fait de m'être blessée m'a permis d'arriver plus fraîche ici, raconte Sandra Laoura, mais surtout de mettre en place un travail de visualisation, et de vidéo important. Je sais mieux me gérer. J'ai eu des doutes la semaine de ma blessure, mais on m'a convaincue que je serais prête si je suivais bien ma rééducation." Elle a pu compter sur l'aide de Luc Guibbert, psychologue de l'équipe de France de gymnastique, qui collabore également avec l'encadrement du ski freestyle."Notre sport est à la fois noté et chronométré, il tend beaucoup vers l'acrobatie, explique Fabien Bertrand, l'entraîneur de Sandra Laoura. Luc a passé l'heure précédant la finale aux côtés de Sandra pour recadrer les choses." La jeune femme, qui devait gérer son retour récent, avait terminé deuxième de la manche de qualification disputée l'après-midi, mais les compteurs repartaient de zéro pour la finale disputée en soirée."Elle est revenue dans les bosses il y a à peine trois semaines, donc on a joué sur nos acquis, continue Fabien Bertrand. On est resté sur des sauts simples (un 360 degrés puis un salto arrière) plutôt que ceux programmés en début de saison (un double hélico et un salto arrière vrillé), tout en misant sur sa technique de ski et sa vitesse, qui comptent respectivement pour 50 % et 25 % de la note finale. D'ailleurs, si son deuxième saut n'est pas parfait parce qu'il l'oblige à tirer l'épaule en arrière, elle a fait le meilleur chrono de la finale."Première Française médaillée dans sa discipline, Sandra Laoura a dû patienter jusqu'au lendemain soir, lors d'une cérémonie officielle à Turin, pour palper le précieux métal.
