Mort de Samekh Yizhar
Mort Samekh Yizhar, écrivain israélienL'écrivain israélien Samekh Yizhar, de son vrai nom Yizhar Smilansky, est mort lundi 21 août. Il était âgé de 89 ans.Avec le poète Haïm Gouri, il était le dernier des grands littérateurs de la "génération de 1948", celle qui a fondé l'Etat juif.Samekh Yizhar était le neveu de Moshe Smilansky, un des plus importants écrivains du ychouv, la communauté juive de Palestine au commencement du XXe siècle.Ecrivain prolifique au style qui n'a cessé d'évoluer jusqu'aux années1980 pour refléter les changements intervenus dans l'Etat juif, l'oeuvre de Samekh Yizhar est marquée par l'amour pour la Terre d'Israël et la relation entre l'homme et son environnement naturel. Plusieurs de ses ouvrages sont devenus en Israël des classiques de la littérature hébraïque moderne, qui, à ce titre, sont enseignés dans les écoles.LA "FAILLE ORIGINELLE"Pourtant, ce sont deux de ses nouvelles qui ont le plus marqué cette littérature par leur impact politique et intellectuel.Publiées dès 1949, Le Prisonnier et L'Histoire de Hirbet Hizeh firent scandale. Samekh Yzhar y questionnait l'éthique et les enjeux idéologiques du mouvement sioniste qui avaient présidé au processus de la création de l'Etat juif.Dans L'Histoire de Hirbet Hizeh, en particulier, l'écrivain évoquait l'expulsion organisée de la population d'un village palestinien, puis la destruction de ce village par l'armée nouvellement créée du jeune Etat juif.En 1976, cette histoire avait fait l'objet d'une adaptation cinématographique par le cinéaste israélien Ram Lévy, sur une adaptation de l'écrivain Daniela Carmi. Le film provoquera un nouveau scandale.Le constat courageux de cette "faille originelle" n'avait pas empêché Samekh Yizhar d'être élu député du Mapaï, le parti du "père de l'Etat", David Ben Gourion, dès 1949. Il était resté parlementaire travailliste sans interruption, jusqu'en 1967.Lundi soir 21 août, la télévision israélienne a rediffusé le dernier entretien qu'avait accordé l'écrivain au journaliste Daniel Bensimon. "Mon père, disait-il, est venu ici de Russie à la fin du XIXe siècle. Des gens vivaient là depuis des siècles. Il a dit : "Cette terre est à moi" et il n'a voulu ni le savoir ni les voir"."Il aimait les combattants et détestait les guerres", a dit de lui son contemporain, Haïm Gouri.Sa première oeuvre, Ephraïm revient à Alfalfa, avait été publiée en 1938. La dernière, La Découverte d'Elie, en 1999.En France, ses romans et nouvelles ont été publié par Actes Sud et par Solin.