Annonce Russie: piste tchétchène dans la mort de KlebnikovLe journaliste de «Forbes» aurait été tué à cause d'un livre sur un chef rebelle, selon Moscou.Le journaliste américain Paul Klebnikov a été tué par un «groupe criminel tchétchène», sur commande du militant indépendantiste, Hodj-Akhmed Noukhaev, a annoncé hier le parquet général russe. Près d'un an après le meurtre du journaliste qui dirigeait l'édition russe du magazine Forbes, le parquet a assuré avoir ainsi achevé son enquête. Paul Klebnikov avait publié en 2003 un livre d'entretiens avec le tchétchène Hodj-Akhmed Noukhaev, intitulé Conversation avec un barbare, où il le présentait comme un personnage entre banditisme et politique. Selon le parquet russe, ce livre aurait profondément irrité Noukhaev, au point qu'il «paie un groupe criminel pour tuer Klebnikov». En octobre 2003, Noukhaev avait annoncé son intention de «reprendre les armes» ; il a depuis disparu dans la clandestinité.«Groupe criminel». Les exécutants du meurtre seraient au moins quatre Tchétchènes, poursuit le parquet : Moussa Vakhaev, arrêté en mars en Biélorussie, Kazbek et Magomed Doukouzov (deux frères), et Magomed Edilsoultanov. Les deux premiers sont en prison, les deux autres recherchés. Toujours selon le parquet, ces quatre hommes, «et d'autres», auraient formé en 2002 à Moscou un «groupe criminel» spécialisé dans l'extorsion de fonds et les meurtres commandités.Valéri Streletski, éditeur du livre de Paul Klebnikov Conversation avec un barbare, se montrait hier un peu surpris par ces conclusions du parquet : «Je n'ai jamais entendu Noukhaev se plaindre de ce livre. Jamais il n'avait fait aucune déclaration en ce sens. Et lorsque quelqu'un donne son accord pour quinze heures d'interview, généralement cela veut dire quelque chose.» Seul le comité d'Etat de contrôle des narcotiques avait tenté d'interdire la diffusion du livre, sous prétexte qu'il faisait l'apologie de la drogue, se souvient l'éditeur.Milieux d'affaires russes. Après la mort de Paul Klebnikov, des pistes très variées avaient été évoquées, le journaliste étant connu pour ses enquêtes sur les milieux d'affaires russes, qui sont encore souvent assez criminels. Le quotidien d'opposition Kommersant avait même suggéré une tout autre piste tchétchène : Paul Klebnikov aurait enquêté sur des détournements de fonds fédéraux prévus pour la reconstruction de la Tchétchénie, impliquant de très hauts dirigeants russes.
