Lancement Rupert Murdoch lance un quotidien gratuit du soir à LondresLa guerre des quotidiens gratuits est lancée à Londres, entre deux grands "papivores" : l'aristocrate Lord Rothermere, patron du groupe Associated Newspapers (éditeur des quotidiens payants Evening Standard et Daily Mail) et le magnat américain Rupert Murdoch, président fondateur du groupe News Corp (éditeur des tabloïds The Sun et News of the World et des prestigieux Times et Sunday Times).News International, la filiale britannique de News Corp devait lancer l'offensive, le 18 septembre, avec Thelondonpaper. Ce quotidien gratuit du soir de 48 pages en couleurs, tiré d'emblée à 400 000 exemplaires, sera diffusé par des distributeurs dans le centre de Londres à partir de 16 h 30. Il vise à concurrencer l'Evening Standard (310 000 exemplaires) et à répondre au succès de Metro, le gratuit du matin édité à Londres par Associated Press, qui ne cesse de tailler des croupières au Sun.Mais M. Murdoch a été pris de court par Lord Rothermere, qui a annoncé, le 16 août, le lancement, dès mardi 29 août, de son propre journal du soir gratuit, London Lite. Ce quotidien doit remplacer le Standard Lite, une édition allégée et gratuite de l'Evening Standard, distribuée certains jours à midi. Associated Press dispose d'un atout-clé, le réseau de distribution de Metro dans les transports en commun et les gares de la capitale. Le groupe pourra proposer ainsi une offre 24 heures sur 24 aux jeunes citadins qui ne lisent pas la presse quotidienne nationale payante, avec le trio Metro-London Lite-Evening Standard, complété par un site Internet. De quoi séduire les publicitaires.Rupert Murdoch, qui ne croyait pas, au début de la décennie, au potentiel de la presse gratuite, a, du coup, avancé la date de parution de Thelondonpaper au lundi 4 septembre.Les deux nouveaux titres londoniens du soir viendront s'ajouter à ceux du matin, Metro (1 million d'exemplaires) et le quotidien financier City AM, distribué dès l'aube aux abords des stations de métro du quartier des affaires.RÉACTION DE PANIQUE"Je doute qu'il existe suffisamment de publicité pour faire vivre quatre journaux dans un environnement économique défavorable face à la ponction des ressources par l'Internet", estime Jim Bilton, de la société de conseil Wessenden Marketing. M. Bilton estime que Lord Rothermere prend le risque, avec London Lite, de phagocyter l'Evening Standard.Bon nombre d'experts estiment que cette foire d'empoigne est une réaction de panique de grands groupes de presse obnubilés par le renouvellement de leur lectorat. "Les gadgets comme les DVD, livres, lotos ou la guerre des prix ont montré leurs limites", explique un chroniqueur médias travaillant pour l'un des protagonistes. Roy Greenslade, professeur de journalisme à la City University, pense que les gratuits vont contraindre les quotidiens payants à innover, en proposant moins d'informations générales, pour davantage de spécialisation, d'analyses, de commentaires et d'opinions.Par ailleurs, comme l'atteste le passage du Financial Times au bimédia (Le Monde du 15 juillet), l'heure est à la fusion progressive des rédactions Web et papier. Enfin, les journaux généralistes mettent le paquet sur le sport. Le gonflement de cette section explique la disparition de The Sportsman, un quotidien spécialisé dans les paris sportifs mis en vente au printemps.
