Annonce Royaume-Uni : Tony Blair maintient la retraite à 60 ans dans le secteur publicil n'est pas plus facile en Grande-Bretagne qu'ailleurs de réformer le régime des retraites. Tony Blair vient d'en faire à nouveau l'expérience. Son gouvernement a cédé mardi 18 octobre à la forte pression des syndicats, en décidant de maintenir à 60 ans l'âge légal de la retraite pour les salariés du secteur public, alors qu'il avait l'intention de porter celui-ci à 65 ans. Vote d'une loi contestée sur les cartes d'identitéUne loi sur l'introduction de cartes d'identité en Grande-Bretagne a été adoptée, mardi 18 octobre, par la Chambre des communes avec une majorité de 25 voix, malgré l'opposition d'une partie des députés travaillistes. Le texte doit maintenant être examiné par la Chambre des lords. Les cartes d'identité obligatoires ne sont plus en usage en Grande-Bretagne depuis 1952. Abandonné, faute de temps, avant les élections législatives du 5 mai, le texte a été réintroduit à la Chambre aussitôt après et son adoption accélérée depuis les attentats de juillet à Londres. De nombreuses critiques se sont élevées, accusant les futures cartes de conduire à "un Etat à la Big Brother" ou de "priver les Britanniques de leurs libertés civiles." (AFP.)[-] fermerAux termes de l'accord conclu entre le ministre du commerce et de l'industrie, Alan Johnson, et les syndicats, les salariés actuels de l'administration, de la santé publique et de l'éducation nationale pourront continuer de prendre leur retraite à 60 ans, ou travailler plus longtemps s'ils le désirent.La nouveauté concerne les futurs fonctionnaires embauchés à partir de 2006 : ils devront travailler jusqu'à 65 ans. Toutefois ils conserveront la possibilité de se retirer dès 60 ans, avec une retraite pleine, pourvu qu'ils aient suffisamment cotisé pendant leur vie professionnelle. Plus important, ils bénéficieront du même régime que leurs aînés, avec des indemnités indexées sur leurs salaires et protégées contre l'inflation. Cette assurance est un privilège par rapport au sort de nombreux salariés du secteur privé dont les indemnités varient de plus en plus en fonction du niveau de contribution de l'employeur et de l'employé à des plans d'épargne-retraite.Le gouvernement souhaitait imposer progressivement entre 2006 et 2013 le relèvement de l'âge légal de la retraite à l'ensemble des fonctionnaires, qui représentent 18 % des travailleurs. Ce plan, annoncé l'an dernier, avait provoqué une levée de boucliers des syndicats, qui arguent que les retraites "raisonnables" dans la fonction publique compensent l'infériorité des salaires par rapport au privé. En février, trois mois avant les élections législatives, un million de fonctionnaires étaient descendus dans la rue pour s'y opposer. Prudent, le gouvernement avait ajourné son projet.Cette fois, les treize syndicats concernés, qui représentent 3 millions de salariés du public, promettaient une grève d'une ampleur comparable à la grève générale de 1926. Leur menace a payé. Ils ont salué le "virement de bord" du gouvernement comme une "avancée majeure" et promis d'arracher un accord similaire au profit des quelque 1,3 million d'employés des administrations locales, exclus pour l'instant des négociations.Alan Johnson affiche une satisfaction de commande, en faisant valoir que le relèvement de l'âge de la retraite a été accepté pour l'avenir. Maigre consolation pour un ministre qui déclarait récemment que "Dire au secteur privé : "Vous devez travailler plus longtemps et cotiser davantage", et au secteur public : "Vous pouvez continuer à prendre votre retraite au même âge", c'est impossible."L'écart va donc s'aggraver, dans ce domaine, entre les salariés du public et ceux du privé, qui en majorité travaillent jusqu'à 65 ans. Ce que déplorent les milieux d'affaires, furieux de l'accord. "Le gouvernement a capitulé , souligne Digby Jones, le patron des patrons. C'est une mauvaise affaire pour le contribuable." "Cet accord est inacceptable" , renchérit David Frost, directeur général des chambres de commerce. Le dirigeant du Parti conservateur chargé de ce dossier, David Willets, ironise : "La banquise de l'Arctique fond plus rapidement que la réforme des retraites n'est mise en oeuvre."Le plan gouvernemental visait à réduire le coût du régime de retraites, à un moment où les salaires des fonctionnaires se rapprochent de ceux du privé, et où, comme partout dans le monde industrialisé, de moins en moins d'actifs doivent financer les pensions d'un nombre accru d'inactifs. Les syndicats, quant à eux, veulent voir introduire un régime de cotisation obligatoire pour les employés comme pour les patrons, où ces derniers mettraient suffisamment la main à la poche.Jean-Pierre Langellier
