Mort de Romain Weingarten Romain Weingarten

Mort Romain Weingarten Romain Weingarten, auteur dramatique, est mort jeudi 13 juillet, à Challans (Vendée). Né le 5 décembre 1926 à Paris, il passe son enfance en Bretagne (où il sera enterré), fait ses études à Château-Thierry puis entreprend à la Sorbonne des études de philosophie qu'il abandonne rapidement pour se consacrer au théâtre. Sa première pièce, Akara, présentée en 1948 au concours des jeunes compagnies, déchaîne une polémique pour sembler d'extrême avant-garde. Jacques Audiberti parle même d'"Hernani 48". Puis, plus rien. Jusqu'en 1961, où il écrit et monte Les Nourrices, sans grand succès, en dépit du soutien d'Eugène Ionesco. Mais en 1966, c'est L'Eté, l'histoire de deux enfants, Simon et Lorette, interprétés par Richard Leduc et Dominique Labourier, et de deux chats, Sa Grandeur d'Ail et Moitié Cerise, l'un joué par l'auteur, l'autre par Nicolas Bataille, dans une mise en scène de Jean-François Adam. "L'occasion, écrivait à l'époque Bertrand Poirot-Delpech dans Le Monde, de redevenir enfant, de retrouver poétiquement l'état de nature, avec le bonheur mais aussi la lucidité terrible que cela comporte." Son premier éditeur, Christian Bourgois, qui venait de fonder sa maison d'édition en 1966, se souvient de ce "grand beau souvenir de théâtre" et de cet homme "qui arrivait d'ailleurs" et tenait à interpréter lui-même les textes qu'il écrivait. La pièce sera jouée sans interruption jusqu'en mai 1968 (on y verra Brigitte Fossey) puis reprise avec succès au Théâtre de la Colline, en 1990, mise en scène par Gildas Bourdet. Les pièces suivantes n'auront pas le même impact même si Alice dans les jardins du Luxembourg (1970) reste dans la même veine, avec un Michel Bouquet enfermé dans une coquille d'oeuf. Ni La Mandore (Gallimard, 1973) ni Neige (1979) ne trouvent vraiment leur public. Mais il fait l'acteur sous la direction de Gildas Bourdet pour L'Inconvenant, La Bonne Ame de Setchouan de Brecht (qu'ils ont retraduit ensemble) ou Les Jumeaux vénitiens de Goldoni avant de revenir à l'écriture avec La Mort d'Auguste (Flammarion et Actes Sud, 1995), que le même complice, Gildas Bourdet, met en scène. En 1998, il reçoit le Prix du Théâtre de l'Académie française. Souvent assimilé au "théâtre de l'absurde" de l'après-guerre, avec Obaldia, Dubillard, Billetdoux, Arrabal, Ionesco ou même Beckett, il se situait plutôt dans la lignée des surréalistes, Vitrac mais surtout Artaud, auxquels il ajoutait une touche de Lewis Carrol et imposait sa propre délicatesse poétique, son imaginaire fantasque, parfois cruel, toujours juste.