Accident Roissy : quatre morts dans l'effondrement d'un toit du terminal 2E Deux enquêtes, judiciaire et technique, ont été lancées pour comprendre les causes de l'accident. L'hypothèse d'un défaut de construction est avancée. Pourquoi un édifice flambant neuf, qui a été inauguré il y a un an, a-t-il pu s'effondrer partiellement ? C'est la question qui se pose lundi, après l'écroulement, dimanche matin, d'une partie de la toiture du terminal 2E de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle. Un accident qui a causé la mort de quatre personnes et en a blessé trois autres, selon un bilan revu à la baisse lundi matin. Une information judiciaire pour homicides involontaires et blessures involontaires a été ouverte dès dimanche après-midi, a annoncé le procureur de la République de Seine-Saint-Denis, Jean-Paul Simonnot. Le juge Roger Le Loire est chargé de l'enquête. Il va délivrer une commission rogatoire à la police judiciaire de Seine-Saint-Denis ainsi qu'à la BEAP (brigade d'enquêtes d'atteintes aux personnes) de Paris. Une quinzaine d'inspecteurs sont déjà à pied d'œuvre. Enquête technique Parallèlement, une enquête administrative doit débuter dès lundi sur les causes techniques de l'effondrement. Elle devrait être conduite par un organisme dépendant du ministère des Transports, comme la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) selon le président d'Aéroports de Paris (ADP), Pierre Graff. "C'est une enquête technique, qui n'a pas vocation à se substituer à l'enquête judiciaire", a-t-il précisé. "ADP sera totalement ouvert. La volonté que j'ai, c'est que la vérité soit complètement connue le plus tôt possible. Nous voulons comprendre, nous voulons savoir", a indiqué Pierre Graff. Pour sa part, Paul Andreu, l'architecte qui a dessiné le T2E, s'est dit "bouleversé". Actuellement à Pékin pour le chantier du Grand théâtre national, il a décidé d'écourter son séjour et de se rendre à Paris. "Je n'ai pour l'instant aucun élément pour émettre une hypothèse sur la cause de l'accident", a-t-il déclaré. "Dès mon retour à Paris, je me mettrai à la disposition d'Aéroports de Paris ", a ajouté l'architecte, précisant que si la conception du terminal 2E de Roissy était "audacieuse", les matériaux utilisés n'avaient "rien de révolutionnaires". Chantier chaotique Gilles de Robien a dimanche balayé la thèse d'un attentat. La "piste" la plus évoquée concerne un éventuel défaut de construction. Le chantier du terminal avait en effet été chaotique, selon plusieurs sources ayant pris part aux travaux. Initialement prévue le 17 juin 2003, la mise en service du T2E n'avait pu avoir lieu qu'une semaine plus tard, la commission de sécurité ayant refusé son feu vert à la dernière minute. Les syndicats CGT et Ugict-CGT d'Air France ont rappelé dimanche qu'ils avaient "à l'époque, dénoncé les conditions d'ouverture du terminal 2E, en mesure, selon [eux], d'impacter les conditions de travail et la sécurité des personnels". "N'étant pas des spécialistes en matière de gros œuvres", leurs interventions s'étaient alors limitées au cadre des travaux d'aménagements prévus dans le terminal et n'avaient pas porté sur sa structure même, ont précisé les syndicats. Selon un membre du chantier, qui s'est exprimé anonymement dimanche sur TF1, les poteaux de l'édifice montraient des signes de fragilité. Fissures et fuites ont également été relevées par les personnels sur place après l'inauguration du terminal. L'hypothèse d'un affaissement de terrain est par ailleurs envisagée. Aujourd'hui, l'ensemble du terminal a été fermé "par précaution", a souligné Pierre Graff dans Le Parisien de lundi. Et d'assurer : "Si tous les anneaux qui composent ce terminal sont irrécupérables, nous raserons l'ensemble, bien entendu. Nous ne prendrons aucun risque en matière de sécurité".