Mort de Robert Burac
Mort Robert Burac, spécialiste et éditeur de Charles PéguyRobert Burac, spécialiste et éditeur de Charles Péguy, est mort vendredi 12 mai à Tours des suites d'un cancer. Il était âgé de 70 ans.Né le 2 décembre 1935, Robert Burac était un homme réservé, pour ne pas dire secret. Sans doute, pesait toujours sur lui la crainte de ses années clandestines quand, enfant juif, il avait dû se cacher. Mais il avait le goût du travail solitaire, du rassemblement d'archives, de la méditation attentive, au service d'un engagement profond pour la justice et la vérité. Dès ses années d'études à la Fondation Thiers, il s'était pris de passion pour Péguy. Devenu professeur à l'université d'Amiens, il lui a consacré une grande biographie (Charles Péguy, la révolution de la grâce, Robert Laffont, 1994) et deux essais (La Chanson du roi Dagobert et Le Sourire d'Hypatie, éd. Honoré Champion, 1996 et 1999).Ces ouvrages couronnaient le labeur magistral, poursuivi pendant vingt ans, des Œuvres en prose complètes de Charles Péguy dans la "Bibliothèque de la Pléiade" (trois volumes, 1987-1992). Cette entreprise a quelque chose d'héroïque, car elle a été accomplie par un savant volontairement seul qui a pris sur lui tous les risques de recherches interminables et de perplexités sans cesse renaissantes. Robert Burac a tout vu, tout lu, tout vérifié. Nous étions un certain nombre de "péguystes" à nous inquiéter du résultat.A l'arrivée, le pari était gagné. Cette édition est insurpassable tant pour l'établissement des textes que pour les myriades de notices et de notes qui les éclairent sans jamais les encombrer de gloses.Burac a aimé à plein coeur, mais avec lucidité, "son" Péguy, qui était celui de l'affaire Dreyfus, de Bernard Lazare, et des Cahiers de la Quinzaine ; il s'est enfermé avec lui dans la boutique des Cahiers, tel un ermite qui trouve sa nourriture et sa gloire à servir plus grand que lui, dans un effacement complet.