Changement Rien ne va plus pour les paris en ligneMauvaise donne pour les sociétés de jeux d'argent sur Internet. Le vote, samedi 30 septembre, par le Congrès américain d'une loi faisant barrage aux paris en ligne sur le territoire américain a créé une onde de choc. Les cours de Bourse des sociétés concernées, cotées à Londres, ont immédiatement plongé lundi 2 octobre. PartyGaming a perdu 57 % de sa valeur, 888 plus de 25 % et Sportingbet 64 %. A la clôture, le marché londonien estimait qu'un montant de 7 milliards de dollars (5,5 milliards d'euros) de valorisation boursière s'était évaporé en un jour. ChiffresMarché mondial. Les jeux d'argent en ligne représentent un marché annuel estimé à 12 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) dans le monde, dont près de la moitié aux Etats-Unis. Quelque 2 000 sociétés proposent des jeux ou des paris sur Internet dans le monde.PartyGaming. Cette société fondée en 1997, enregistrée à Gibraltar et cotée à Londres, a réalisé un chiffre d'affaires de 977 millions de dollars en 2005.Sportingbet. Fondée en 1998 et installée à Londres, où elle est cotée, cette société affiche un chiffre d'affaires de 1,526 milliard de livres.888. Société établie à Gibraltar, cotée à Londres. Son chiffre d'affaires atteint 271 millions de dollars en 2005.[-] fermerVotée à la fin de la session du Congrès, mais fruit d'une bataille de huitans, cette loi interdit aux établissements financiers émetteurs de cartes de crédit de collecter l'argent des parieurs en ligne. Elle empêche de fait toute transaction entre les sites de jeux et leurs clients américains. Le texte doit maintenant être ratifié par le président Bush. "Cette loi intervient quelques mois après une condamnation des Etats-Unis par l'OMC [Organisation mondiale du commerce] pour politique discriminatoire dans le domaine des jeux sur Internet", précise l'avocat Thibault Verbiest, qui travaille pour le groupe Partouche et l'association européenne des bookmakers.Les investisseurs n'ont pas attendu de connaître le cadre juridique définitif. Ils ont lourdement sanctionné les sociétés les plus directement visées par cette réglementation. Il est vrai que les résultats des trois leaders, cotés à Londres, dépendent pour une bonne part de l'appétit des joueurs américains pour la roulette ou le poker en ligne.Ces sociétés avaient pourtant fait une entrée tonitruante en Bourse. En juin 2005, PartyGaming, premier site de poker en ligne dans le monde, raflait la mise à la City avec une valorisation de 4,6 milliards de livres, supérieure même à celle de British Airways. Elle s'arrogeait le titre de plus grosse introduction en Bourse d'une société Internet en Europe depuis l'éclatement de la bulle, en 2000. Dans les documents préparatoires à la cotation, la mention des risques juridiques entourant les activités de cette société immatriculée à Gibraltar n'avait pas refroidi les ardeurs.DES LÉGISLATIONS DIFFÉRENTESCe risque est apparu de façon plus tangible ces dernières semaines. Fin juillet, plusieurs dirigeants d'un groupe de paris sportifs coté à Londres, BetOnSports, étaient arrêtés aux Etats-Unis, pour infraction à la législation américaine sur les jeux. Après ce premier coup de semonce, la volonté des autorités américaines de durcir le ton s'exprimait encore début septembre par l'arrestation d'un président non exécutif de Sportingbet.Il n'y a pas qu'aux Etats-Unis qu'on assiste à une épreuve de force entre un gouvernement et ces entreprises qui profitent du flou juridique pour se développer. Une autre partie se joue en Europe. L'arrestation très médiatisée en France mi-septembre de deux dirigeants de la société de paris en ligne Bwin, cotée à la Bourse de Vienne, a mis en lumière les enjeux.Les législations diffèrent d'un pays à l'autre. En France, les jeux d'argent sont interdits sauf dérogations accordées à des opérateurs comme la Française des jeux et le PMU. Ces deux acteurs voient d'un mauvais œil le déferlement de sites de jeux sur Internet, immatriculés à Gibraltar ou Antigua. D'autant que ces sociétés prospères n'hésitent pas à investir dans des opérations marketing pour accroître leur notoriété.Le PMU et la Française des jeux ont porté plainte en 2005. La procédure judiciaire a conduit à l'arrestation des dirigeants de Bwin tandis qu'ils s'apprêtaient à signer devant la presse un accord de partenariat avec le club de football de l'AS Monaco. Depuis, le ministre des sports, Jean-François Lamour, et le ministre du budget, Jean-François Copé, sont montés au créneau pour défendre la position française.La Ligue de football professionnel (LFP) a décidé de son côté de suspendre toutes formes de publicité pour les paris en ligne sur les maillots des clubs professionnels. Une mesure appliquée non sans mal ce week-end à grand renfort d'huissiers. Mais tout ce jouera à Bruxelles, où les lobbies des sociétés de paris en ligne redoublent de zèle pour modifier les règles du jeu et assouplir la position européenne. Mi-octobre, la Commission européenne décidera ou non d'engager une procédure d'infraction contre la France sur ce dossier.
