Crise Reprise lundi en Allemagne de la mobilisation contre la réforme du marché du travail Après quelques mois d'accalmie, les opposants à la réforme "Hartz IV", entrée en vigueur le 1er janvier et qui prévoit un net durcissement des conditions d'indemnisation des chômeurs, devaient reprendre leurs actions, lundi 3 janvier. Les autorités allemandes se préparent à affronter, lundi 3 janvier, un vaste mouvement de protestation contre l'entrée en vigueur de la réforme "Hartz IV" du marché du travail, qui doit entraîner un net durcissement des conditions d'indemnisation des chômeurs. La colère contre ce bouleversement controversé du système de protection sociale des sans-emploi s'est déjà concrétisée, durant l'été, par une série de manifestations hebdomadaires semblables aux "manifestations du lundi", qui avaient conduit à la chute du régime communiste d'Allemagne de l'Est, en 1989. Les opposants à la réforme prévoient lundi de manifester devant les bureaux de l'Office du travail de 55 villes, avec l'objectif avoué de les contraindre à fermer leurs portes. ATMOSPHÈRE TENDUE "Notre but est d'interrompre les opérations dans les bureaux pour l'emploi, prévenait cette semaine la dirigeante d'un groupe de protestation. Ces bureaux sont des symboles primordiaux de l'impertinence répressive de l'Allemagne." De nombreux bureaux pour l'emploi ont embauché des vigiles pour protéger leurs employés, dont certains ont reçu une formation spéciale de la police pour apprendre à gérer les situations de conflit. Des centres de l'Office du travail ont installé des boutons d'urgence sur leurs ordinateurs afin de pouvoir appeler à l'aide et les employés ont été avisés de ranger agrafeuses et perforeuses afin d'éviter qu'elles soient utilisées comme projectiles en cas de discussion trop animée. Quelques précédents spectaculaires sont encore dans les mémoires : en 2001, le directeur du bureau pour l'emploi de Basse-Saxe avait été poignardé à mort par un ingénieur au chômage dont les indemnités avaient été baissées. Et récemment, un technicien sans emploi a précipité sa voiture contre l'entrée d'un centre de l'Office du travail avant de se faire exploser à l'aide d'une bouteille de propane. LE CAP DES CINQ MILLIONS "Hartz IV", qui tire son nom du directeur du personnel de Volkswagen, Peter Hartz, qui a conseillé le gouvernement, est entrée en vigueur samedi. Elle aura notamment pour conséquence une forte réduction des allocations pour les chômeurs longue durée, au nombre d'un million. Les plus hauts responsables de l'Etat se sont livrés à un vaste travail d'explication ces derniers mois pour afficher leur confiance dans les bienfaits à long terme de ce volet le plus contesté de l'"Agenda 2010" des réformes structurelles lancées par le chancelier, Gerhard Schröder, tout en reconnaissant que son application serait douloureuse à court terme. "Je suis tendu mais j'ai pleinement confiance que la plus profonde réforme du marché du travail de l'histoire allemande finira par réussir", déclare encore le ministre de l'économie, Wolfgang Clement, dans la dernière édition du Bild am Sonntag. M. Clement s'est fixé pour objectif, grâce à cette réforme, de réduire de moitié le nombre de chômeurs en Allemagne d'ici 2010. En novembre, le pays comptait 4,64 millions de sans-emploi, soit 10,8 % de la population active. La réforme "Hartz IV" modifiera la définition du chômage en intégrant les actuels bénéficiaires de l'aide sociale, ce qui devrait conduire à une forte hausse des sans-emploi dans les premiers mois de mise en œuvre, évaluée par Clement à 380 000. Le chômage pourrait ainsi franchir la barre symbolique des cinq millions. "D'ici l'été, le nombre des sans-emploi chutera rapidement. D'ici mars, tous les chômeurs de moins de 25 ans signeront un contrat de formation. Ceux qui refuseront ne toucheront plus rien de l'Etat", explique cependant Wolfgang Clement. En 2004, Gerhard Schröder avait remporté une première manche en maintenant fermement le cap malgré l'ampleur des manifestations hebdomadaires, qui ont rassemblé des dizaines de milliers d'Allemands avant de s'étioler à la fin de l'été. La deuxième manche débute lundi.