Anniversaire Reporters sans frontières a 20 ans: du tiers monde à la liberté de la presse PARIS (AFP) - Créée en juin 1985 à Montpellier, l'association Reporters sans frontières voulait alors "sensibiliser l'opinion aux problèmes du tiers-monde". Vingt ans plus tard, elle est devenue une ONG vouée à la défense des journalistes et de la liberté d'informer. RSF fête mercredi ses vingt ans au Sénat, avec 20 photographes ayant carte blanche pour composer un "hymne à la liberté", en exposant cent photos sur les grilles du Luxembourg. L'inauguration sera suivie d'un concert. RSF a été créée à Montpellier par quatre journalistes, Robert Ménard, Rémy Loury, Jacques Molénat et Emilien Jubineau, "dans le giron" de Médecins sans frontières, raconte à l'AFP M. Ménard, secrétaire général de l'organisation. Il s'agissait alors de "parler de l'actualité des déshérités et de sensibiliser l'opinion aux problèmes du tiers-monde". L'idée est partie de critiques formulées aux médias: un tremblement de terre survient, la presse se précipite. Après, plus rien. RSF veut alors réaliser des reportages sur des drames que la presse néglige. Pendant quatre ans, une soixantaine de sujets sont réalisés sur des guerres et des pays oubliés des médias. C'est sur le terrain que l'organisation prend conscience des difficultés des journalistes à exercer leur métier. En 1989, les reportages sont arrêtés. L'association évolue vers une sorte d'Amnesty International de la presse: militer pour la libération des journalistes emprisonnés et dénoncer les atteintes à la liberté de la presse. 1989: le premier "Rapport annuel sur la liberté de la presse dans le monde" est publié. Un slogan est trouvé: "il n'y a pas de liberté sans liberté de la presse". Des opérations de parrainage des journalistes emprisonnés sont lancées: un média prend en charge un journaliste détenu afin d'obtenir sa libération. En 1990, est instituée le 3 mai la première journée internationale de la liberté de la presse. Outre 23 salariés au secrétariat international basé à Paris, RSF dispose de neuf sections nationales (Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, France, Italie, Suède et Suisse). L'organisation dispose de 6 bureaux (Abidjan, Bangkok, Moscou, New York, Tokyo et Washington). Les sources d'information proviennent de dépêches d'agence, de la presse mais aussi de correspondants (130 au total) et autres associations de défense de liberté de la presse. Le budget en 2004 était de 3,2 millions d'euros. 63% de ses ressources proviennent des ventes de magazines de photos et des ventes aux enchères. 13% du mécénat et des dons, 17% de l'argent public, notamment de plusieurs gouvernements démocratiques (France, Norvège, Suisse, USA et Allemagne) et de la Commission européenne qui s'arrête cette année. Le reste émanant de cotisations. RSF est reconnue d'utilité publique en France et a statut consultatif auprès du Conseil de l'Europe, de la Commission des Droits de l'Homme des Nations unies et de l'UNESCO. Communiqués, actions de lobbying, courriers aux autorités, missions visent à soutenir les victimes. Une assistance juridique et humanitaire peut être apportée. Parfois, les militants font des opérations "coup de poing", notamment contre des ambassades (Cuba, Russie). Dernier combat en date: la libération des journalistes otages en Irak, hier pour Christian Chesnot et Georges Malbrunot, aujourd'hui en faveur de Florence Aubenas et son guide Hussein Hanoun. RSF dresse un bilan inquiétant de la liberté de la presse dans le monde depuis début 2005: 111 journalistes, 5 collaborateurs des médias et 75 cyberdissidents sont emprisonnés, 29 ont été tués, principalement en Irak.