Mort de René Laubiès

Mort René Laubiès, peintre Le peintre français René Laubiès est mort lundi 13 novembre, à Mangalore, dans la région de Varkala en Inde. Il était âgé de 82 ans. Né le 27 avril 1924 à Cholonville, près de Saïgon, René Laubiès fait des études de droit au Maroc et voyage en Europe avant de s'installer à Paris en 1949. Dans Les Années fertiles (éditions Mouvements), la critique Geneviève Bonnefoi le décrit comme "toujours ailleurs", ne cessant "d'errer de l'Orient à l'Occident, et vice versa". Elle dit aussi son "goût d'un certain dépouillement" et son "extrême discrétion, digne d'un lettré chinois". Et lettré, René Laubiès l'était : en 1950, il traduit le Traité sur la peinture du Chinois Khuo-Shi (XIIIe siècle). Il réalise aussi la première traduction française des Cantos d'Ezra Pound, qui est son ami, comme l'est le poète américain Robert Creeley, avec lequel il publie The Immoral Proposition (Jargon Press), en 1953. Il est également, en 1956 et 1957, professeur invité à l'université d'Alabama. A Paris, en 1953, René Laubiès expose en groupe à la galerie de Colette Allendy, puis rencontre le critique Julien Alvard. Lequel est fasciné par ses toiles raffinées. Interrogé par Gérard Xurigera (Les Années 50, éditions Arted), Laubiès dit lui avoir fait découvrir la peinture chinoise ancienne, "le vide et le plein, la frontalité, l'absence complète de l'expression et du théâtre, l'atmosphère, le suggéré, l'allusif". Des termes qui s'appliquent aussi à son propre travail. Sur ces bases, Alvard lance un mouvement baptisé "nuagisme", d'abord recueilli par la galerie de Paul Facchetti, le premier à avoir exposé Pollock en France. En 1954, grâce à l'appui de Jean Fautrier, Laubiès obtient le prix Fénéon, décerné par l'Université de Paris. Suit une série d'expositions à l'étranger, dans des galeries prestigieuses comme Parnass de Wuppertal ou 22 de Düsseldorf, Apollinaire (Milan) ou Alexandre Iolas (New York). A Paris, outre Facchetti, il intéresse deux jeunes galeristes promis à un autre avenir, Iris Clert, puis, en 1965, Yvon Lambert. TROP SUBTILE Mais l'homme est ombrageux : "J'ai pu survivre, à cette époque, confiait-il à Gérard Xurigera, grâce aux collectionneurs italiens, qui sont plus raffinés que les français et savent ce qu'ils aiment. Ici, les paysans pervertis par le dollar ne comprennent rien et doivent être rassurés par les musées et le marché new-yorkais." Il est néanmoins soutenu par Georges Salles, alors directeur des musées de France, et par François Mathey, un des rares conservateurs d'alors à se passionner pour l'art de son temps, mais sa peinture, trop subtile, est oblitérée par la déferlante du nouveau réalisme et du pop art. Depuis 1969, René Laubiès passait une partie de l'année en Inde. Il y trouvait une "atmosphère en dehors du matérialisme et de la consommation". Il exposait cependant régulièrement à Paris, et depuis 2001 à la galerie Alain Margaron, qui a annoncé sa mort, et va lui rendre hommage à travers deux expositions. Le Musée de Bochum, en Allemagne, en prévoit également une au printemps 2007.