Fin RELIGION Il a célébré hier à Notre-Dame sa dernière messe en tant qu'archevêque de Paris Le cardinal Lustiger a fait ses adieux aux Parisiens Hier soir dans la cathédrale Notre-Dame, le cardinal Jean-Marie Lustiger a célébré une dernière messe solennelle comme archevêque de Paris. Il était entouré par plus de trois mille fidèles de son diocèse et d'ailleurs, par ceux qui ont été ses évêques auxiliaires, par des dizaines de représentants du clergé parisien, mais aussi par de nombreux représentants de la société civile, des Eglises chrétiennes et des autres religions. Bernadette Chirac ainsi que Jean-Pierre Raffarin et son épouse ont également assisté à cet office, non loin de l'académicienne Hélène Carrère d'Encausse. Remontant la nef, sa crosse d'évêque en main, le cardinal était visiblement ému alors que les grandes orgues envahissaient la cathédrale, accompagnées du choeur de la maîtrise Notre-Dame de Paris. C'est un chapitre de vingt-quatre années parisiennes d'apostolat, de mission, de dialogue, de labeur et de détermination passionnée qui s'est clos avec cette célébration. Durant un quart de siècle, la messe du dimanche soir à 18 h 30 avec le cardinal Lustiger était un rendez-vous fixe qui remplissait la cathédrale de paroissiens, mais aussi de tous ceux qui souhaitaient entendre les célèbres prêches, bien souvent improvisés.«Je ne vais pas pleurer !» a-t-il prévenu sur le ton de la plaisanterie dans son mot d'accueil. «Mais je suis extrêmement touché quand je pense à tous ces visages rencontrés, à tant de détresse, de souffrance, de joie et de grandeur.» «Bien des épreuves vous attendent dans cette ville, ce pays et ce continent», a-t-il prévenu. «Mais j'espère, je suis persuadé, que la réserve d'amour formée par Dieu à travers vous, produira un nouveau printemps de la charité véritable.»«La mission qui m'a été confiée, analysait le cardinal Lustiger hier dans Le Journal du dimanche, dépasse les forces d'un homme et sa durée de vie !» Son successeur, Mgr André Vingt-Trois, en est convaincu. Après sa nomination, il affirmait au Figaro «ne pas être sûr d'être encore bien réveillé». A «l'enfant de la Montagne-Sainte-Geneviève», et qui a été son bras droit durant dix-huit ans, le cardinal donne un conseil qui ne sera pas si facile à suivre : «Ne pas s'inquiéter de son prédécesseur» et «être lui-même». Il lui transmet ainsi les paroles qui lui avaient été dites par le cardinal Marty en 1981, «n'ayez pas peur, Dieu vous guidera». A la fin de la cérémonie, une religieuse, un journaliste, un prêtre et un diacre permanent sont venus témoigner de leur proximité avec le cardinal. Un pass aérien valable deux ans pour toutes les destinations de son choix lui a été offert. Sans se départir de son sens de l'humour, le cardinal en a conclu : «si je comprends bien, vous m'envoyez promener !» Parmi les fidèles venus lui rendre hommage, se trouvait un jeune ménage d'origine toulousaine, Bruce et Laetitia, fraîchement arrivés à Paris après quelques années passées à Rome. «Le cardinal Lustiger fait partie de mon environnement religieux depuis toujours, explique Laetitia. Il est bien plus que l'archevêque de Paris. C'est une figure nationale et internationale, proche de Jean-Paul II.» Son rapport avec la société et avec les jeunes l'impressionne particulièrement. «Le dialogue est toujours vif, il ne mâche pas ses mots, il tranche, son expression est directe, sans ambiguïté.» «On sent qu'il force sur sa santé, comme le Pape, ajoute-t-elle. C'est admirable de tenir ainsi. Sa vieillesse lui donne une véritable sagesse.» Cette sagesse, Jean-Paul II ne s'en privera pas de sitôt. Le Pape lui confiera, sans doute sans tarder, de nouvelles missions de représentations et continuera à compter sur son rôle de conseiller dans les nombreux dicastères de la Curie romaine dont il est membre. Le cardinal Jean-Marie Lustiger s'est dit «disponible à toutes les missions que le Pape voudra (lui) confier».
