Annonce RELIGION Dans sa première homélie publique, le successeur de Jean-Paul II a réaffirmé son engagement pour l'unité des chrétiens Il y a quinze jours, le cardinal Joseph Ratzinger célébrait les funérailles de Jean-Paul II sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. Benoît XVI y a célébré hier la messe d'inauguration de son pontificat. Près de 400 000 personnes ont suivi cette cérémonie de plus de 2 h 30, au cours de laquelle le Souverain Pontife a reçu les symboles de son autorité : le pallium et l'anneau du pêcheur. «L'Eglise porte en elle l'avenir du monde», car elle est «vivante» et «jeune» a lancé Benoît XVI dans sa première homélie publique. Assis sur un grand trône blanc, placé sur une estrade haute de cinq marches et entouré du collège cardinalice, le Pape vêtu d'or a renouvelé aux milliers de fidèles l'appel lancé par Jean-Paul II en 1978 : «n'ayez pas peur». Le souvenir de son prédécesseur planait sur cette cérémonie. Benoît XVI lui a rendu hommage. Scandant ses paroles de mouvements de la main, largement interrompu par les applaudissements, le 264e successeur de Pierre a expliqué qu'il n'avait pas «besoin de présenter un programme de gouvernement». Mais il a renouvelé l'engagement pris au lendemain du conclave en faveur de l'unité des chrétiens. Benoît XVI encore peu habitué à ces exercices publics, a aussi salué les «frères du peuple juif», auxquels l'Eglise est liée par «un grand patrimoine spirituel commun». Mais le Saint-Père a une nouvelle fois transcendé les frontières du monde religieux. Sa pensée va à «tous les hommes de notre temps, croyants et non-croyants». «Je dois assumer une charge inouïe, qui dépasse réellement toute capacité humaine», a-t-il reconnu très ému. Mais «je ne suis pas seul. Je ne dois pas porter seul ce que, en réalité, je ne pourrais jamais porter seul.» Il a ainsi demandé à tous les catholiques de prier pour qu'il ne se «dérobe pas, par peur, devant les loups». De nombreux représentants des Eglises chrétiennes avaient pris place aux premiers rangs pour écouter ces paroles. Comme pour les funérailles de Jean-Paul II, les délégations des Eglises orthodoxes étaient les plus nombreuses. Ces premiers pas publics de Benoît XVI ont aussi été suivis par 141 délégations étrangères, dont 21 chefs d'Etat. Ces quelque 400 personnalités lui ont rendu hommage à l'issue de la cérémonie. Le président allemand Horst Köhler et le chancelier Gerhard Schröder ont été les premiers à le saluer devant l'autel majeur de la basilique Saint-Pierre. Le roi d'Espagne Juan Carlos et la reine Sofia, vêtue de blanc selon le privilège des reines catholiques, se sont ensuite inclinés et ont échangé quelques mots avec lui. Tout au long de la cérémonie, ils avaient pris place aux côtés du frère de Benoît XVI, le père Georg Ratzinger et de l'ancien secrétaire particulier de Jean-Paul II, Mgr Stanislaw Dziwisz. Benoît XVI, avant de célébrer la messe sur le parvis de la basilique coloré de milliers de roses, de renoncules et de glaïeuls, s'était recueilli quelques instants sur le tombeau présumé de saint Pierre. Puis au son de la litanie des saints, appelés à soutenir le nouveau Pape, les cardinaux vêtus de blanc l'ont conduit à travers la nef de la basilique déserte. Une salve d'applaudissements a salué sa sortie. Au-dessus de la foule flottaient des drapeaux de toutes les nations. «Saint-Père nous t'aimons», lançaient en allemand des banderoles. Après la lecture de l'Evangile en latin et en grec – les deux langues principales de la tradition de l'Eglise –, le nouveau Pape a reçu le pallium. C'est une fine écharpe de laine blanche brodée de croix rouges en référence aux plaies du Christ, ornée de broches rappelant les clous de la crucifixion. Ce symbole de l'unité des évêques catholiques autour du vicaire du Christ a pris une «nouvelle» forme en s'inspirant du haut Moyen Age. Puis le Pape a passé l'anneau du pêcheur à son annulaire droit. Il pourra désormais porter cette bague en or représentant saint Pierre dans sa barque avec son filet, symbole de son autorité temporelle et spirituelle. Puis trois cardinaux, un évêque, un curé de paroisse italien, un diacre africain, un carme, une religieuse bénédictine, suivis par une famille coréenne, une Sri-Lankaise et un jeune Congolais ont gravi les marches du trône pour l'acte d'obédience. Le vent s'est levé. Le Pape est longtemps resté en prière puis a donné sa bénédiction. Les grandes orgues ont joué une toccata de Bach et les cloches ont sonné. Benoît XVI, à bord d'une papamobile, a alors effectué son premier tour de la place Saint-Pierre, un large sourire aux lèvres.