Annonce Référendum du PS  : le va-tout de Laurent Fabius Appelés à se prononcer sur la Constitution européenne, mercredi 1er décembre, les adhérents socialistes scelleront le sort de l'ancien premier ministre, partisan déclaré du "non". Une victoire du "oui" renforcerait la position de François Hollande dans la perspective de l'élection présidentielle de 2007. La destinée de Laurent Fabius sera marquée par une date : celle du 1er décembre, le jour du vote des militants socialistes sur la Constitution européenne. Pour s'être fait le champion du "non", au point d'éclipser les courants minoritaires Nouveau Monde et Nouveau Parti socialiste (NPS), qui menaient pourtant bataille contre le traité constitutionnel bien avant lui, l'ancien premier ministre joue gros. Même s'il s'en défend, sa prise de position conditionne son avenir. Il y aura bien un avant et un après. Si le "non" l'emporte, M. Fabius sera le mieux placé pour devenir le candidat du PS à l'élection présidentielle de 2007. A l'inverse, en cas de victoire du "oui", le premier secrétaire du PS, François Hollande, entend bien revendiquer l'investiture. Leur implication à tous deux a donné une ampleur incontestable à ce scrutin interne. Jacques Chirac lui-même est suspendu à la réponse des socialistes pour s'engager à son tour et organiser le référendum national promis en 2005. Les socialistes européens, auprès desquels M. Hollande est allé chercher du soutien, scrutent eux aussi avec attention le résultat. Lionel Jospin y a vu une occasion supplémentaire d'intervenir et de peser dans la vie du PS - contre son rival de toujours, qui plus est. Pour tous, les 120 027 militants du PS appelés à se prononcer mercredi détiennent une incroyable clé. A la veille de ce référendum - le premier de toute l'histoire du PS -, l'ambiance est particulière. D'un côté, abandonnant toute prudence, les partisans du "oui" clament déjà victoire. Persuadés de l'emporter, ils s'attribuent même une avance de plusieurs milliers de voix. De l'autre, les tenants du "non" continuent à se dire "confiants" et dénoncent une "intox" de leurs opposants. Comme il le dit lui-même, M. Fabius reste "zen". SONDAGES DÉFAVORABLES Mais comme souvent avec lui, les sondages ne lui sont guère favorables, quand ils ne sont pas catastrophiques. Selon une enquête publiée par Le Figaro mardi 30 novembre (et réalisée les 12, 13, 19 et 20 novembre par TNS-Sofres auprès d'un échantillon de 1 907 personnes, dont 568 sympathisants socialistes), le numéro deux du PS reste bon dernier de sa classe. Non seulement une majorité des personnes interrogées plaident pour le "oui" (65 % chez les sympathisants UMP, 62 % chez les partisans du PS), mais même une victoire du "non" ne lui ouvrirait pas les portes pour 2007. Pour 58 % des électeurs socialistes, en effet, une victoire du "non" ne ferait pas automatiquement de lui le candidat naturel du PS pour l'élection présidentielle.... Ce sondage, qui fait de Lionel Jospin le favori, s'inscrit dans une série toujours négative pour M. Fabius. Qu'importe. Soumis à forte pression aux derniers jours de la campagne, le numéro deux du PS ne s'est pas départi de son calme malgré des attaques de plus en plus virulentes lancées à son encontre par le camp du "oui". "Parfois, j'ai l'impression qu'on veut me chercher des choses derrière les oreilles, mais j'ai décidé d'être cool", affirmait-il en marge de son dernier meeting à Cenon (Gironde), le 27 novembre. Sa sérénité, expliquait-il avec le sourire quelques jours plus tôt, en marge cette fois d'une réunion à la Mutualité de Paris, le 17 novembre, se fonderait sur l'expérience des "troupes aguerries au combat". D'ailleurs, son plus fidèle soutien, le député de Seine-Saint-Denis Claude Bartolone, ne cesse de le lui répéter : le référendum interne au PS n'est qu'une "étape". Aux yeux de M. Bartolone, bien d'autres compteront. La mise en œuvre du projet de la Commission Barroso, tout d'abord ; le "non" possible venu d'un autre pays, ensuite. Et puis, bien sûr, la réponse des Français lors du référendum que convoquera M. Chirac l'an prochain. L'entrée en campagne pour le "oui" du chef de l'Etat, du gouvernement, et celle du président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, pourraient alors influer sur la position des militants socialistes. "Une chance au grattage, trois chances au tirage !", résume M. Bartolone. Avant de dévoiler clairement ses intentions au mois de septembre, M. Fabius a soigneusement pesé le pour et le contre. L'offensive menée par M. Hollande dès la rentrée du PS, fin août, lors de l'université d'été du parti à La Rochelle, l'a cependant contraint à accélérer son calendrier et à s'engager, plus qu'il ne le prévoyait, dans la campagne. Il a entrepris, seul, sans jamais se mêler aux autres partisans du "non", une tournée des fédérations qu'il n'avait pas effectuée depuis longtemps pour exposer ses arguments contre le traité constitutionnel : il le juge contraire aux engagements des socialistes sur le fond et paralysant, sur la forme, pour l'Union européenne. Un combat audacieux mené sous le regard de tous. A-t-il convaincu ? La réponse est imminente. Isabelle Mandraud 120 027 militants appelés aux urnes Le référendum du PS sur le traité constitutionnel européen aura lieu mercredi 1er décembre. Les bureaux de vote, dans les 3 700 sections du parti, seront ouverts de 18 heures à 22 heures. Des scrutateurs contrôleront le bon déroulement du scrutin. Le vote par procuration n'est pas autorisé. 120 027 militants sont appelés à répondre à la question : "Approuvez-vous la Constitution européenne, oui ou non ?" Seules disposent du droit de vote les personnes qui ont adhéré au PS depuis au moins six mois. Quatre fédérations-clés. Totalisant un quart du nombre d'adhérents, quatre fédérations seront déterminantes pour l'issue du scrutin : le Nord, le Pas-de-Calais, Paris et les Bouches-du-Rhône. Les premiers résultats devraient être connus dans la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 décembre. Un conseil national du PS officialisera le score définitif samedi 4 décembre.