Changement Refaite pour Mona Lisa, la salle des Etats rouvre demain. Au Louvre comme ailleurs, l'accrochage de tels chefs-d'oeuvre se fait après mûre réflexioLa «Joconde» dans ses nouveaux appartements La Joconde a quitté la triste salle Rosa dans la nuit de dimanche à lundi pour être installée, avec une foule de précautions, dans la salle des Etats (840 m2), refaite pour elle et pour une autre «icône» du musée, Les Noces de Cana. (Photo P. Ballif/Louvre.) Durant la nuit de dimanche à lundi, on s'est activé au Musée du Louvre. La Joconde a quitté la triste salle Rosa où elle attendait depuis quatre ans que ses nouveaux appartements soient prêts, pour être installée, avec une foule de précautions, dans la salle des Etats entièrement refaite pour elle et pour une autre «icône» du musée, Les Noces de Cana. Une salle de 840 m2, où les deux vedettes se trouveront face à face, entourées sur les murs latéraux d'oeuvres du XVIe siècle vénitien.«Depuis que je suis au Louvre, en 1991, dit Vincent Pomarède, directeur du département des peintures, j'entends parler du déménagement de la Joconde.» Il est un fait que l'emplacement de l'oeuvre d'art la plus connue au monde ne se choisit pas à la légère. Elle doit s'intégrer dans le parcours de la peinture italienne de la Renaissance, être mise en valeur parmi les centaines d'autres oeuvres de la même époque et dégager, devant elle, un emplacement assez vaste pour que la foule qui s'y masse ne crée pas de bouchons, comme c'était le cas lorsqu'elle était placée dans la Grande Galerie, empêchant littéralement toute circulation du public. Voilà pourquoi, depuis la fin du XIXe siècle, la toile majeure de Léonard de Vinci a déménagé sept fois. «Elle a d'abord été placée dans le Salon Carré, poursuit Vincent Pomarède, puis dans la Grande Galerie. Dans les années 60, on l'a installée dans la salle des Etats ; en 1974, elle a changé de place dans la même salle et mise sous verre. Entre 1992 et 1994, elle a regagné la Grande Galerie, puis le Salon Carré jusqu'en 2001, lorsqu'elle a été accrochée – provisoirement – dans la salle Rosa, hors du circuit de la peinture italienne et très mal mise en valeur.» Le choix définitif ne s'est pas fait sans hésitations. On a pensé un moment à présenter La Joconde seule dans la salle du Manège ou au milieu d'un accrochage des peintures de Léo nard. Finalement, c'est la salle des Etats, construite par Lefuel entre 1855 et 1857 – transversale à la Grande Galerie et aux «Salons Rouges» (galeries Daru et Mollien) –, qui a été retenue. Les travaux, d'un coût de 4,81 millions d'euros, réalisés grâce au mécénat de Nippon Television Network, ont été menés par l'architecte Lorenzo Piqueras, qui travaille généralement au Musée d'Orsay. Il a tout d'abord supprimé l'antichambre côté «Salons Rouges» pour gagner de l'espace, puis s'est attaqué au problème des flux de visites en ouvrant un accès côté «Salons Rouges» et deux du côté Grande Galerie. Outre des aménagements techniques (climatisation, acoustique, mise aux normes, réfection de la toiture et du parquet), le gros souci était l'éclairage. Deux fenêtres jusqu'alors masquées, donnant sur la cour Lefuel et la cour Visconti, ont été rouvertes et des canons de lumière ont été aménagés dans la verrière zénithale afin de diffuser une lumière latérale. Enfin, les murs ont été refaits en plâtre teinté et ciré, d'une couleur ocre évoquant le sable mouillé ou la terre de Sienne claire.Les Noces de Cana occuperont tout un mur entre les deux ouvertures donnant sur la Grande Galerie. Le chef-d'oeuvre de Véronèse fera face à La Joconde, isolée sur une cimaise, bordée d'une console de noyer, véritable petit atelier d'électronique, permettant, par un projecteur, de diffuser, dans les moments de faible clarté, la lumière adéquate sur la toile. Ce réaménagement, que le public pourra découvrir demain, marque la fin du redéploiement des collections de peinture italiennes au Musée du Louvre.
