Annonce Rédacteur en chef de l'édition russe du magazine «Forbes», Paul Khlebnikov a été tué par balles Mystérieux assassinat à Moscou d'un journaliste américain Réputé pour ses enquêtes sur les milieux d'affaires russes, le journaliste américain Paul Khlebnikov, 41 ans, a été assassiné vendredi soir. Alors qu'il quittait vers 22 heures son bureau moscovite pour prendre le métro, il a été grièvement blessé par un tireur qui le guettait. Le tueur a pris la fuite dans une voiture conduite par un complice. Touché par quatre balles, Paul Khlebnikov est décédé dans l'ambulance qui le menait à l'hôpital. Il aurait distingué le tueur, mais aurait eu le temps d'affirmer qu'il ne le connaissait pas. Un porte-parole du parquet a déclaré samedi que «la police étudie plusieurs pistes, la principale étant liée aux activités professionnelles du journaliste». L'hypothèse d'un meurtre commandité est la plus vraisemblable, la voiture utilisée par les tueurs ayant été retrouvée abandonnée. En 2004, Paul Khlebnikov avait pris la rédaction en chef de l'édition russe du magazine d'affaires américain Forbes. «Sur le marché russe, nous serons une force indépendante, liée à aucune structure», écrivait-il dans le premier numéro paru en avril. Le mois suivant, le magazine s'illustrait en publiant la liste des cent premières fortunes de Russie. Selon la radio Echo de Moscou, Paul Khlebnikov aurait alors reçu de nombreuses menaces, les milieux d'affaires russes n'appréciant guère d'être l'objet d'une telle publicité. «Il arrivait des Etats-Unis où ce genre de choses est normal et ordinaire, a déclaré Igor Iakovenko, secrétaire général de l'Union des journalistes russes. Il voulait faire de même en Russie et voilà le résultat.» Pour l'homme d'affaires en exil Boris Berezovski, Paul Khlebnikov aurait été «victime de son manque d'exactitude dans sa façon de rapporter les faits». Les deux hommes s'étaient affrontés au tribunal après que Paul Khlebnikov eut qualifié Boris Berezovski, alors proche du pouvoir, de «parrain du Kremlin», dans un article publié en 1996. Une centaine de personnes étaient présentes lors d'une cérémonie religieuse organisée hier à Moscou. Dimitri Iakouchkine, ancien porte-parole de Boris Eltsine, a rendu hommage au journaliste en expliquant que son «indépen dance» avait mené à «cette tragédie». Les journalistes en Russie sont souvent l'objet de menaces. En 2003, cinq d'entre eux ont été tués. Cette même année, plusieurs reporters travaillant sur des enquêtes politico-financières ont été agressés, le plus souvent à leur domicile ou dans les environs immédiats. Quelques jours avant l'assassinat de Paul Khlebnikov, le correspondant à Moscou pour le service afghan de Radio Free Europe a été grièvement blessé à l'entrée de son immeuble. Cette agression faisait suite à une autre attaque identique puisqu'elle visait le correspondant à Moscou pour le service turkmène de la même radio.Depuis l'élection de Vladmir Poutine, les pressions sur les médias ne se sont jamais relâchées, qu'elles soient institutionnelles ou «privées». Les groupes de presse étrangers l'ont bien compris qui, pour la plupart, ont limité leurs implantations aux supports ne touchant ni à la politique ni au monde des affaires.Quant aux médias russes, liés aux oligarques ou à l'Etat, ils se trouvent soumis à des pressions de plus en plus irrésistibles.Dernier bastion télévisuel relativement indépendant, la chaîne de télévision NTV vient de voir totalement révisée sa grille des programmes à la suite de la nomination à la direction d'une proche de Vladimir Poutine : les émissions de reportages tout comme les débats politiques devraient y être purement et simplement supprimés à la rentrée prochaine...
