Procès Reconnu coupable, l'ex-PDG de WorldCom risque de finir sa vie en prison M. Ebbers a été reconnu coupable de complot, fraude boursière et de sept fausses déclarations aux autorités boursières, correspondant à des présentations de rapports financiers falsifiés pendant sept trimestres d'affilée entre l'été 2000 et le printemps 2002. En juillet 2002, trois mois après son limogeage, WorldCom avait été contraint au dépôt de bilan, après la découverte de malversations comptables qui seront finalement estimées à 11 milliards de dollars. Il s'agit de la plus grosse faillite de l'histoire américaine. Un tribunal new-yorkais a reconnu coupable, mardi 15 mars, l'ex-PDG de l'opérateur télécoms WorldCom de neuf chefs d'inculpation, dont ceux de fraude et de complot, dans l'affaire de la plus grosse faillite de l'histoire américaine. Bernard Ebbers, 63 ans, qui risque de finir sa vie en prison, devra encore attendre trois mois avant d'être fixé sur sa peine. La juge Barbara Jones chargée du dossier se prononcera le 13 juin, ont indiqué les services du procureur fédéral de Manhattan, tandis que l'avocat de M. Ebbers, Reid Weingarten, a annoncé son intention de faire appel. Mardi, le jury populaire, qui avait suivi six intenses semaines de débats, a choisi de n'écarter aucun des neufs chefs d'accusation qui avaient valu le renvoi. M. Ebbers a été reconnu coupable de complot, fraude boursière et de sept fausses déclarations aux autorités boursières, correspondant à des présentations de rapports financiers falsifiés pendant sept trimestres d'affilée entre l'été 2000 et le printemps 2002. L'ex-PDG de WorldCom, qui encourt plusieurs dizaines d'années de prison, est sorti du tribunal accompagné de sa femme, lui le visage fermé, elle en larmes. Vêtu de son éternel imperméable beige, Bernie Ebbers a refusé tout commentaire à la meute de journalistes qui le guettait. 11 MILLIARDS DE DOLLARS DE MALVERSATIONS En juillet 2002, trois mois après son limogeage, WorldCom avait été contraint au dépôt de bilan, après la découverte de malversations comptables qui seront finalement estimées à 11 milliards de dollars (8,2 milliards d'euros). Il s'agit de la plus grosse faillite de l'histoire américaine, au retentissement d'autant plus fort qu'elle intervenait à l'époque dans la foulée de l'effondrement surprise du courtier en énergie Enron. Le gouvernement fédéral reprochait à M. Ebbers d'avoir lui-même ordonné la falsification des comptes de son entreprise à partir de l'été 2000, alors que le secteur des télécoms commençait à subir la crise découlant de l'explosion de la bulle Internet. "Nous devons atteindre nos chiffres !" Cette phrase clé du procès est celle qu'Ebbers aurait martelée à son ex-directeur financier Scott Sullivan, chargé de faire exécuter les manipulations par les équipes comptables. Pour le PDG, il était impératif que les résultats de WorldCom soient conformes aux attentes de Wall Street, car l'action devait absolument résister à la crise naissante. La fortune du PDG était alors en jeu. Ebbers détenait des millions d'actions de son entreprise. UNE VICTOIRE POUR LES ACTIONNAIRES Au cours du procès commencé mi-janvier, M. Ebbers a continuellement mis en avant son passé d'autodidacte pour tenter de convaincre les jurés qu'il n'était pas assez qualifié pour des manipulations de comptes complexes. Elevé dans un milieu modeste, M. Ebbers a rappelé qu'il n'avait d'autre formation que celle de professeur d'éducation physique. Il a, en revanche, continuellement montré du doigt Scott Sullivan, l'accusant d'être le cerveau à l'origine des malversations. Ce dernier, principal témoin de l'accusation, a collaboré dans l'espoir de réduire sa propre peine. Il a dépeint Ebbers comme un PDG autoritaire ayant initié la fraude. Interrogé mardi, l'avocat de M. Ebbers est resté fidèle à la même ligne de défense. "C'est vrai que les PDG ont une responsabilité, mais cela ne veut pas dire qu'ils ont commis un crime quand des méfaits ont été commis au sein de leur groupe, dont ils ignoraient tout", a déclaré M. Weingarten. Le ministre américain de la Justice, Alberto Gonzales, s'est félicité du verdict de culpabilité, rendu selon lui au nom "des employés et des actionnaires qui ont perdu des milliards de dollars dans cette fraude". WorldCom, rebaptisé depuis MCI, est sorti de faillite en avril 2004.