Annonce Recherche. En Antarctique, treize chercheurs et techniciens s'adaptent à l'hiver austral. Une nuit de six mois pour Concordia Depuis jeudi, le soleil a disparu de l'horizon. Commence pour treize ermites la réalité du premier hivernage à bord de la station Concordia, flambant neuve, érigée dans le désert glacé antarctique, à plus de mille kilomètres de l'océan. Un hivernage placé sous le signe d'une nuit polaire qui prendra fin en novembre. Une vidéoconférence a permis, mercredi, de dialoguer avec les douze hommes et l'unique femme isolés dans ce qui pourrait ressembler à une station spatiale, avec des mètres carrés et une immense patinoire en plus. Devant la presse, le moral s'affiche au beau fixe. Et les familles ont eu droit à quelques minutes en privé. La station franco-italienne n'est pas encore achevée. Entamée en 1998, sa construction n'a été possible que pendant les étés australs. Les hivernants, techniciens et scientifiques, mettront à profit cette saison pour terminer les travaux et lancer des programmes scientifiques. Sur l'écran vidéo dressé au ministère de la Recherche, les treize reclus ont l'air en forme. Ils content les menus tracas de la vie polaire, à l'instar de l'astronome Karim Agabi, qui n'avait pas pensé aux lunettes de plastique. Du coup, le métal glacé de ses montures lui a «brûlé» le nez. Mercredi, le thermomètre affichait ­ 60 °C. Une canicule comparée aux ­ 85 °C que peut provoquer la rigueur de l'hiver. Le désert glacé permet de faire un peu de marche, mais les balades sont courtes pour éviter l'engourdissement. On porte jusqu'à trois paires de gant, explique le technicien Stéphane Beausire. Si le samedi n'était un jour comme les autres, les ermites seraient aux 35 heures. «En général, on se lève vers 7 h, début du travail à 8 h, de 12 h à 14 h déjeuner, et fin de journée vers 17 h 30», explique Michel Galland, l'électromécanicien. Seul le dimanche est chômé, occasion pour le chef, Jean-Louis Duraffourg, de traduire l'expérience de ses dix hivernages en recréant des repas «familiaux». A la fin de l'hiver, la station devrait être nickel. «Si on commence par le début et on finit par la fin on devrait avoir terminé dans les temps», s'amuse, débonnaire, Michel Muluoz, le chef de mission. Pour l'heure, l'exil ne semble pas affecter la bonne humeur du groupe. Espérons qu'en novembre le manque de soleil n'aura pas jeté un froid.