Arrestation Recherché au Chili, l'ancien nazi Paul Schaefer a été arrêté en Argentine Après la disparition de Schaefer en 1996, ses partisans avaient fait courir le bruit qu'il était mort, mais la police chilienne était convaincue du contraire. Condamné pour pédophilie et accusé de tortures de prisonniers sous le régime d'Augusto Pinochet (1973-90), l'ex-caporal nazi Paul Schaefer, fondateur et chef spirituel de l'enclave allemande Colonia Dignidad, une secte installée dans le sud du Chili depuis 1961, a été arrêté, jeudi 10 mars, en Argentine. Agé de 83 ans, il a été interpellé à Tortuguitas, une ville située à 30 km à l'ouest de Buenos Aires, avec six personnes formant son équipe de sécurité, a indiqué la police argentine. La police chilienne avait annoncé, plus tôt, que, sous la coordination d'Interpol, l'arrestation avait eu lieu à Mercedes, à environ 120 km de Buenos Aires. Schaefer était en fuite depuis un mandat d'arrêt émis en 1996 à son encontre à la suite de plaintes pour pédophilie, qui ont débouché sur la condamnation en novembre 2004 de 22 responsables de la colonie allemande pour 27 cas d'abus sexuels sur des enfants de paysans pauvres des environs de la Colonia Dignidad, une secte fondée en 1961 par l'ancien nazi dans le sud du Chili. La police argentine était depuis six mois sur les traces de Schaefer, a indiqué, jeudi à Buenos Aires, le commissaire Alejandro Dinisio, peu après l'arrestation. "Nous le suivions depuis six mois. Il était accompagné par d'autres personnes qui parlent allemand", a-t-il ajouté. Les télévisions locales ont montré des images de Schaefer alors qu'il arrivait au commissariat. UN VIEIL HOMME EN BONNE SANTÉ Assis sur une chaise roulante, menotté mais tenant une boisson gazeuse dans les mains, Schaefer portait une veste de sport marron, une chemise blanche immaculée et un pantalon gris. Manifestement en bonne santé, il a ignoré les questions des quelques journalistes présents, un léger sourire flottant sur son visage. Le mandat d'arrêt d'Interpol inclut les requêtes du juge Joaquin Billard de la cour d'appel de Santiago, qui enquête sur des disparitions de prisonniers politiques - dont le dirigeant de gauche Alvaro Vallejos Villagran - dans la Colonia Dignidad sous la dictature du général Pinochet, selon des sources judiciaires à Santiago. La police veut également entendre Schaefer à propos de la disparition, en 1985, de l'Américain Boris Weisfeiler, un juif d'origine russe et professeur de mathématiques. Les enquêteurs pensent que Weisfeiler, se promenant alors dans la région, avait été arrêté par une patrouille militaire frontalière qui le soupçonnait d'être un espion et qui l'avait laissé à l'intérieur de la colonie où il a disparu. DEMANDE D'EXPULSION Pour accélérer le départ de Schaefer, le ministre de l'intérieur chilien a demandé à son homologue argentin de l'expulser d'Argentine et d'éviter ainsi d'aller devant la justice pour demander son extradition, ce qui en cas d'appels pourrait retarder son retour au Chili. L'arrestation "a été une bonne raison pour nous tous d'être heureux", a déclaré le président chilien, Ricardo Lagos, qui s'entretiendra avec son homologue argentin lundi 14 mars, pour une rencontre prévue avant l'arrestation de l'ancien nazi. Après la disparition de Schaefer en 1996, ses partisans avaient fait courir le bruit qu'il était mort, mais la police chilienne était convaincue du contraire. Dans une armoire inspectée lors d'une perquisition en 1996 à l'intérieur de la colonie, la police avait trouvé au moins 200 postiches, perruques et autres déguisements utilisés par Schaefer. Les policiers avaient aussi découvert un système de surveillance extrêmement perfectionné dans la colonie avec des caméras cachées dans des arbres ou des pierres et des détecteurs de mouvements. En novembre 2004, des responsables de la colonie avaient assuré que ses dirigeants voulaient prochainement l'ouvrir au tourisme, à la fois pour trouver de nouvelles ressources et pour améliorer l'image d'un lieu où Schaefer est accusé d'avoir violé des dizaines d'enfants. Avec AFP