Mort de Raymond Mhlaba

Mort Raymond Mhlaba, héros de la lutte contre l'apartheid Jeune militant du Congrès national africain (ANC), traqué puis arrêté par la police de l'apartheid, jugé pour trahison, condamné à la prison à vie, incarcéré sur Robben Island pendant vingt-six ans : la vie de Raymond Mhlaba, mort d'un cancer dimanche 20 février à l'âge de 85 ans, a beaucoup de points en commun avec celle de Nelson Mandela. Moins connu à l'étranger que l'ancien chef de l'Etat sud-africain, il est, dans son pays, considéré comme l'un des plus grands héros de la lutte contre l'apartheid. L'Afrique du Sud lui offrira des obsèques nationales et, à partir de mardi jusqu'à son enterrement, dont la date n'a pas encore été fixée, tous les drapeaux seront en berne. Issu d'une famille modeste de Port Elizabeth, Raymond Mhlaba trouve un premier emploi dans une blanchisserie et il fait ses armes en politique dans le syndicat des blanchisseurs, avant de rejoindre, à 23 ans, le Parti communiste et, un an plus tard, l'ANC. Il est arrêté une première fois en 1952 lors de la "campagne de défiance" contre les lois ségrégationnistes. Il devient ainsi le premier membre de l'ANC à être incarcéré. Il part ensuite en Chine pour recevoir une formation militaire. Membre fondateur de la branche armée de l'ANC, Umkhonto we Sizwe, plus connu sous l'abréviation MK, Raymond Mhlaba fait parti des "terroristes" recherchés par la police. Il sera arrêté, avec Nelson Mandela et des dizaines d'autres camarades et jugé lors du "procès pour trahison". Huit des accusés sont condamnés à la prison à perpétuité. Il purge sa peine au bagne de Robben Island, comme Nelson Mandela, mais aussi Govan Mbeki, le père de l'actuel chef de l'Etat, et Alfred Sisulu, tous deux morts. "OOM RAY" Raymond Mhlaba ne sera libéré qu'après vingt-six ans de prison, en 1989, peu de temps avant Nelson Mandela. Lors des premières élections libres du pays, en 1994, il est élu député et nommé premier ministre de sa province d'origine, le Cap-Occidental. Membre du comité exécutif national de l'ANC, il devient également, à partir de 1995, président du Parti communiste sud-africain. Le vieil homme, surnommé "Oom Ray" ou "tata Raymond", "l'oncle" en afrikaans et en zoulou, est salué comme un "héros parmi les héros". "Sa mort nous prive de l'un des véritables fidèles de notre mouvement, une personne dont la vie et le travail représentent les valeurs les plus hautes pour lesquelles nous avons lutté", a déclaré Nelson Mandela. "La mort nous enlève encore un héros, un membre d'une génération splendide et inoubliable", a estimé le chef de l'Etat sud-africain, Thabo Mbeki.