Mort de Ray Barretto
Mort Ray Barretto, percussionniste américainLe percussionniste américain Ray Barretto est mort, vendredi 17 février, au Havensack University Medical Center (New Jersey), des suites d'une opération de chirurgie cardiaque.Né le 29 avril 1929 à Brooklyn, dans une famille d'immigrés portoricains, Ray Barretto grandit dans le Barrio, le quartier latino d'East Harlem, et le Bronx.Ray Barretto arrive après la rencontre essentielle du jazz et de la musique "latino" telle que la symbolise l'association de Dizzy Gillespie (compositeur, directeur musical, trompettiste) et du percussionniste mythique, d'origine cubaine, Chano Pozo. Lequel est mort assassiné : plus vraisemblablement pour avoir divulgué en scène des rythmes secrets réservés aux rites yoruba plutôt que pour des raisons de drogue.Les congas - l'instrument dont Ray Barretto, "Manos Duras", assure la promotion moderne - sont au carrefour d'expressions émanant de communautés souvent antagonistes (les Africains-Américains et les Latino-Américains) ; au carrefour aussi de la musique, du symbole (les percussions étaient interdites dans les plantations de l'esclavage) et du rite.C'est dans les clubs de jazz de Munich que Ray Barretto (il s'engage à 17 ans) fréquente les musiciens noirs, et dans les clubs noirs qu'il devient, au retour, le percussionniste attitré. Il remplace Mongo Santamaria chez Tito Puente et devient le requin de studio de l'instrument.On peut l'entendre sur des centaines d'albums : il enregistre avec le gotha du jazz (Cannonball Adderley, Lou Donaldson, Red Garland, Jimmy Smith, Dizzy Gillespie, Wes Montgomery), et commence à se faire connaître sous son nom : Pachanga with Barretto (1961), puis Charango Moderna (1962), dont la chanson El Watusi fait un tabac.A la fin des années 1960, Ray Barretto fait les beaux jours du label Fania Records et participe de ce mouvement qui n'a rien de tombé du ciel, mais qu'on se met à populariser sous l'étiquette "salsa" (la sauce piquante qui rehausse ces musiques). La fronde d'une partie de son groupe - autour du chanteur Adalberto Santiago, ils fondent la Tipica 73 - ne l'empêche pas de rebondir (Indestructible, puis, en 1975, Barretto, avec Ruben Blades et Tito Gomez pour les parties vocales).Ray Barretto alterne les échecs et les tubes, les tentatives de renouveler le genre et les retours aux fondamentaux. Il reste, derrière ses fameux hublots, un formidable directeur d'orchestre et un monstre de scène très spectaculaire. Il était un habitué des festivals européens et du New Morning, où il s'est présenté il y a encore quelques mois.