Annonce Rassemblements aux Antilles contre la loi relative au "rôle positif" de la colonisationEntre 500 et 700 personnes ont manifesté, mercredi 7 décembre en fin d'après-midi, dans les rues de Fort-de-France (Martinique), pour demander l'abrogation d'une disposition de la loi sur les rapatriés relative au "rôle positif" de la colonisation.A l'appel du "collectif martiniquais pour l'abrogation de la loi de la honte" et d'une trentaine d'organisations, les manifestants ont défilé en lançant des slogans en français et en créole comme "à bas la loi de la honte" ou encore "kolonisasyon pa bon".Dans le cortège composé d'élus, parmi lesquels les députés de Martinique Alfred Marie-Jeanne et Philippe Edmond-Mariette, le maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, des syndicalistes, des enseignants et des lycéens, on pouvait lire sur des banderoles "Colonisation = crime contre l'humanité" ou "non à l'histoire arrangée", entre autres inscriptions."Il y a longtemps qu'on avait pas eu une telle manifestation à Fort-de-France, a estimé Francis Carole, un des porte parole des manifestants. Réagissant aux propos de Nicolas Sarkozy sur la "repentance permanente qui touche aux confins du ridicule", prononcés mercredi soir sur France 3, il a estimé qu'il s'agissait d'une "nouvelle provocation"."Peu importe que nous soyons 100 ou 1000", a déclaré, pour sa part, le député Philippe Edmond-Mariette. "Il était important de montrer à nos populations que la conscience antillaise est éveillée et qu'il convient de faire abroger la disposition controversée de la loi du 23 février 2005".Le maire Fort-de-France a, de son côté, qualifié la mobilisation de "digne et respectueuse".MEETING EN GUADELOUPEParallèlement, environ 300 personnes ont assisté, mercredi soir à Pointe-à-Pitre, à un meeting pour l'abrogation de la loi de février 2005 sur le "rôle positif" de la colonisation. S'adressant à un public constitué de militants politiques et responsables syndicaux, les représentants des treize organisations syndicales et politiques organisatrices du meeting s'en sont pris à cette loi. Tous ont rappelé que l'esclavage n'avait été définitivement aboli en Guadeloupe qu'en 1848 et souligné que Napoléon l'avait rétabli, "par les armes" en 1802, après une première abolition décrétée en 1794. "Avec cette loi, c'est comme si on avait baptisé une rue "Rue des bienfaits de l'occupation allemande pendant la guerre"" a affirmé un représentant de Guadeloupe unie-Socialisme et réalités (GUSR), le mouvement divers-gauche dont est issu le président du Conseil général, Jacques Gillot, sénateur (app. PS). Ce mouvement, comme plusieurs autres organisations de gauche dont des représentants se sont exprimés, ne figurait pas initialement parmi les organisateurs du meeting. Ils avaient décidé de maintenir ce rassemblement malgré l'annulation de la venue aux Antilles du ministre de l'intérieur et président de l'UMP. "CESSER AVEC LA REPENTANCE PERMANENTE"Evoquant la controverse provoquée par la loi de février 2005 mentionnant le "rôle positif" de la colonisation, Nicolas Sarkozy a estimé, de son côté, mercredi soir sur France 3, qu'"il faut cesser avec la repentance permanente" qui consiste à "revisiter notre histoire". "Cette repentance permanente, qui fait qu'il faudrait s'excuser de l'histoire de France, parfois touche aux confins du ridicule", a affirmé le ministre de l'intérieur et président de l'UMP.L'amendement à la loi du 23 février "dit que le colonialisme, ce n'est pas bien, naturellement, mais cela n'a rien à voir avec les départements et territoires d'Outre-mer. Ca n'a rien à voir avec la Martinique, ça avait tout à voir avec l'Afrique du Nord", a estimé M. Sarkozy. Selon lui, "un certain nombre de parlementaires ont voulu dire qu'il y a eu des instituteurs qui ont alphabétisé, qu'il y a eu des médecins qui ont soigné et qu'il fallait laisser les historiens faire leur travail".M. Sarkozy avait annulé, mardi soir, in extremis, une visite en Martinique et en Guadeloupe. Les protestations et les appels à manifester s'étaient multipliés ces derniers jours contre ce déplacement en raison principalement de la polémique sur la loi de février.Le premier ministre, Dominique de Villepin doit s'exprimer jeudi matin sur le sujet.
