Manifestation Rassemblement cet après-midi à Moscou pour soutenir PoutineBESLAN, Russie - La télévision publique russe prévoit au moins 100.000 manifestants mardi dans les rues de Moscou pour dénoncer le terrorisme et soutenir le président Vladimir Poutine face aux critiques suscitées par le carnage de la prise d'otages de Beslan. Le rassemblement, qui aura lieu à côté du Kremlin à 17 heures (15h00 heure française), est organisé au deuxième jour de deuil national en hommage aux 335 victimes, dont la moitié d'enfants, de la prise d'otages qui s'est terminée par un affrontement sanglant entre les rebelles tchétchènes et les troupes russes. Les journaux télévisés et des spots montrant des personnalités de la culture et du sport ont assuré une large promotion de la manifestation alors que l'opposition russe accuse Poutine de n'avoir pas su garantir la sécurité des Russes. "Ce qui s'est passé ces derniers jours ne peut être qualifié que d'un mot: la guerre", estime le champion de patinage artistique Igor Bobrine. "Nous devons sentir que nous nous serrons les coudes". Mais certains membres de l'opposition ont estimé que la manifestation de Moscou avait pour seul objectif d'écarter les critiques sur la façon dont le Kremlin a géré la crise et sur l'incapacité de Poutine à assurer la sécurité des Russes. "Une protestation politique est nécessaire. Mais les slogans qui sont préparés (...) ne reflètent pas ce qu'il est nécessaire de faire pour éviter que cette tragédie se reproduise", a ainsi déclaré la libérale Irina Khakamada à la radio Echos de Moscou. "Cette manifestation ne reflètera que l'idéologie étatique." La télévision publique a diffusé des images de rassemblements dans d'autres villes lundi. Des dizaines de personnes se sont ainsi réunies à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie. Des mères et des pères de famille écrasés de chagrin se sont rassemblées dans la boue et sous la pluie pour enterrer leurs enfants dans des tombes creusées dans un champ de la taille d'un terrain de football à Beslan, en Ossétie du Nord, province voisine de la Tchétchénie. ACCUSATIONS Tandis que les drapeaux étaient en berne dans la toute la Russie, Poutine est accusé de n'avoir pas rempli sa promesse faite à son arrivée au pouvoir en 2000 de mettre un terme à la révolte séparatiste tchétchène. En deux semaines, les rebelles tchétchènes, qui luttent depuis dix ans pour l'indépendance de la Tchétchénie, ont été accusés d'avoir fait exploser en vol deux avions de ligne russe, faisant 90 morts, et d'avoir commis un attentat suicide qui a tué 10 personnes devant une bouche d'entrée du métro de Moscou la veille de la prise d'otages en Ossétie. Les forces russes ont renforcé la sécurité dans le sud du pays par crainte de violences ethniques ou religieuses dans le Caucase entre orthodoxes, majoritaires en Ossétie du Nord, et musulmans originaires d'Ingouchie ou de Tchétchénie. Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a convoqué pour mardi à Bruxelles une réunion de représentants de l'Otan et de la Russie pour évoquer l'affaire. L'Union européenne a exprimé sa solidarité lundi, cherchant à apaiser la querelle qui a éclaté lorsque la présidence néerlandaise de l'UE a réclamé une explication pour le carnage, mécontentant Moscou. A Paris, le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a exprimé à Vladimir Poutine sa solidarité mais lui a demandé les "informations nécessaires" sur le tragique dénouement de la prise d'otages de Beslan. Poutine refuse de négocier avec quiconque dans le camp séparatiste tchétchène, dont le président en fuite Aslan Maskhadov, qui dément toute implication dans le drame de Beslan. Le chef du Kremlin soutient le nouveau président tchétchène Alou Alkhanov, élu le mois dernier à l'issue d'un scrutin qui aurait été truqué, selon des organisations de défense des droits de l'homme. En Russie comme ailleurs, la politique de fermeté du président russe en Tchétchénie est remise en question. "La thèse officielle voulant que le terrorisme international soit derrière le drame de Beslan est un stratagème destiné à écarter la responsabilité du Kremlin", a commenté le libéral Boris Nemtsov.
