Annonce Ramzan Kadyrov menace d'exporter ses milicesRamzan Kadyrov, l'homme lige de Moscou en Tchétchénie, a proposé, mercredi 7 juin, de faire intervenir ses milices, les "Kadyrovtsy", dans les autres Républiques du Caucase pour contrer toute forme de rebellion. "Ces derniers temps, les rebelles sont devenus plus actifs dans les régions voisines de la Tchétchénie. Et je pense que l'expérience des structures des forces tchétchènes sera utile", a-t-il déclaré à l'agence de presse russe Ria Novosti. Le premier ministre tchétchène a cité en exemple la participation récente de ses hommes à une "opération spéciale", termes désignant les assauts des forces de l'ordre contre des rebelles.Menée le 31 mai au village de Nesterovskaïa, dans la République voisine d'Ingouchie, l'intervention des "Kadyrovtsy" s'était soldée par l'exécution d'un jeune homme de 18 ans, Rizvan Khaïkharoev, abattu d'une balle dans la tête devant ses parents et voisins, "sans jugement, ni enquête", comme l'a souligné l'association de défense des droits de l'homme Mémorial. "C'est un exemple qui confirme la nécessité de mener de telles opérations dans les républiques voisines", a confié M. Kadyrov.Les milices de Ramzan Kadyrov se sont déjà livrées à ce genre d'expéditions punitives hors de Tchétchénie. En 2005, une opération, menée contre un village frontalier du Daghestan, avait fait une dizaine de morts et autant de disparus. Mémorial, qui n'a de cesse de dénoncer les exactions des Kadyrovtsy, s'est inquiétée de l'exportation "de telles méthodes de bandits". "On peut s'attendre à ce que les exécutions publiques, sans jugement deviennent une pratique courante dans de nombreuses républiques du Caucase du Nord", dénonce l'ONG russe.Intégrées au ministère russe de l'intérieur, les milices du premier ministre sont craintes de la population tchétchène pour leur brutalité et leur cruauté. Si leur "efficacité" dans la lutte antiterroriste a été vantée par le président russe, Vladimir Poutine, elles sont bien connues des défenseurs des droits de l'homme qui réclament le démantèlement de leurs centres de détentions illégaux (Tsenteroi, Goudermes, Ourous Martan, Avtoury, Grozny...).Mercredi, le centre Mémorial de Grozny a indiqué avoir trouvé des preuves de l'existence d'un de ces centres dans le commissariat du quartier Oktiabrski de la capitale tchétchène. Dans ce local, des centaines de personnes ont été torturées, des dizaines d'autres ont disparu, affirme l'association. Le parquet de Grozny a démenti l'information, arguant de "manque de preuves". Dans les heures qui ont suivi, le bâtiment, qui abritait les geôles, a été démoli.
