Annonce Rachid Ramda devant la justice française Dix ans après les attentats dans les stations de métro parisiennes de Saint-Michel, du Musée d'Orsay et de Maison Blanche (8 morts et 200 blessés), l'islamiste algérien Rachid Ramda, soupçonné d'avoir participé à leur financement, a été déféré jeudi soir 1er décembre au parquet de Paris puis incarcéré. Il avait été extradé de Grande-Bretagne dans l'après-midi. Le ministre de la justice, Pascal Clément, a espéré, jeudi soir, que son procès se tienne "dans quelques mois". Le premier ministre, Dominique de Villepin, s'est, lui, "réjoui" de son extradition, "fruit d'une coopération" avec le gouvernement de Tony Blair. "Justice va enfin être rendue et je pense aux proches, aux familles des victimes, à tous ceux qui ont souffert tout au long de ces années", a-t-il notamment affirmé sur la chaîne de télévision publique France 3. COMPARUTION LUNDI EN "DÉBAT DIFFÉRÉ" Ramda, 35 ans, dit Abou Farès, est arrivé jeudi en fin d'après-midi à l'aéroport du Bourget, près de Paris. Il a ensuite été transféré au palais de justice de Paris où un magistrat du parquet lui a notifié les quatre mandats d'arrêt délivrés à son encontre par la justice française. Ramda a été incarcéré dans la soirée en attendant de comparaître, lundi, devant un juge des libertés et de la détention (JLD) en "débat différé". Il est également convoqué le 24 janvier devant le tribunal correctionnel de Paris dans le cadre du mandat d'arrêt délivré à son encontre pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, a indiqué à l'AFP son avocat Me Guillaume Barbe. Par la suite, le président de la cour d'assises de Paris, devant lequel le dossier a été renvoyé, pourrait ordonner un "supplément d'information" pour permettre à un juge d'instruction antiterroriste de l'interroger. A charge pour ce magistrat, après divers actes d'instruction, dont très probablement de nombreux interrogatoires, de le renvoyer devant une juridiction chargée de le juger, a indiqué à l'AFP une source proche du dossier. 10 ANS DE BATAILLE JUDICIAIRE Rachid Ramda a été extradé de Grande-Bretagne au terme d'une bataille judiciaire de dix ans. Il a perdu le 17 novembre son ultime recours devant la Cour d'appel de Londres. Deux magistrats britanniques avaient alors déclaré que la "demande de révision de l'affaire (était) rejetée", confirmant ainsi l'extradition ordonnée le 6 avril par le ministre de l'intérieur Charles Clarke. Ramda, depuis dix ans en quasi-isolement à la prison de haute sécurité de Belmarsh près de Londres, était le prisonnier détenu depuis le plus longtemps en Grande-Bretagne dans l'attente d'une extradition. Soupçonné par les autorités françaises d'être le financier des attentats de 1995 à Paris - dont celui qui avait fait 8 morts et 150 blessés au RER Saint-Michel - il avait utilisé depuis dix ans tous les recours pour éviter cette extradition à laquelle un juge avait pour la première fois donné son accord en juin 1996. Considéré comme un "intellectuel" de la mouvance islamiste algérienne radicale, parfois présenté comme l'un des principaux dirigeants du GIA algérien (Groupe islamique armé) en Europe, il est sous le coup de quatre mandats d'arrêt français : l'un, correctionnel, pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste", les trois autres, criminels, pour sa participation à trois attentats de 1995. Il a également été condamné à mort en 1993 par contumace en Algérie, pour un attentat contre l'aéroport d'Alger qui avait fait 9 morts et 123 blessés. "C'est un soulagement après 10 ans de bataille de procédure de savoir que Rachid Ramda répondra de ses actes en France. Il sera important de savoir de qui il recevait l'argent qui a permis de financer les attentats de 1995 et quels étaient les donneurs d'ordres", a déclaré Françoise Rudetzki, déléguée générale de SOS attentats.