Mort de R

Mort R. L. Burnside, chanteur et guitariste Le chanteur et guitariste R. L. Burnside, une des dernières figures du blues rural du Mississippi, est mort jeudi 1er septembre, à l'hôpital Saint Francis de Memphis, Tennessee, à l'âge de 78 ans. Né en 1926 à Harmontown, petite ville du delta du Mississippi, ce métayer devenu musicien professionnel sur le tard était un des artistes symboles du label Fat Possum, créé, au début des années 1990, par d'anciens punk-rockers en quête d'un blues primitif, plus ou moins fantasmé. La vie de R. L. Burnside était pleine de cette rudesse qui nourrissait ses accords de guitare et le grain de sa voix. Ayant grandi dans les collines du nord du Mississippi, il est pêcheur puis fermier. Comme beaucoup de travailleurs noirs, il s'exile dans les années 1940 à Chicago, où Mississippi Fred McDowell lui enseigne la guitare. Fan de John Lee Hooker, il calquera son style sur le jeu rugueux de ce dernier. R. L. Burnside quitte Chicago après l'assassinat de son père et de ses deux frères. De retour chez lui, il tue un homme qui aurait cherché à l'exproprier. Après plusieurs mois de pénitencier, un contremaître d'une plantation le sort de prison pour le faire travailler dans les champs de coton. Enregistré pour la première fois en 1967, par l'archiviste folk George Mitchell, R. L. Burnside figure la même année sur une compilation du label Arhoolie. S'il préfère la guitare électrique, il se plie alors à la mode d'un blues acoustique imposé par les étudiants occidentaux. Dans les années 1970 et 1980, R. L. Burnside est accompagné d'un groupe familial, Sound Machine, dans lequel figurent deux de ses douze enfants. Malgré quelques tournées, le guitariste se produit rarement hors du nord du Mississippi, où il continue d'être métayer. DÉCHARGES BRUTES Un documentaire, inspiré du livre Deep Blues de Robert Palmer, le fait connaître à un plus large public. En 1991, Palmer produit le premier album de R. L. Burnside, Too Bad Jim, enregistré dans le petit club de Junior Kimbrough, autre légende du blues local, et publié par le label Fat Possum. A l'opposé du blues standardisé et poli en vogue à l'époque, ces décharges brutes séduiront et influenceront de jeunes artistes rock contemporains Jon Spencer Blues Explosion, Beastie Boys, The White Stripes qui retrouvent chez ce papy indigne une urgence quasi punk. Au point que certains d'entre eux comme Jon Spencer sur l'album A Ass Pocket of Whiskey rejoindront Burnside sur scène et en studio. Devenu une figure de la scène "indie-rock", voire électronique dans l'album Come On In, Burnside enregistrera une douzaine de disques et tournera dans le monde entier, sans se départir de son âpreté campagnarde. Même si, depuis 1999, une opération du coeur avait ralenti ses activités.