Premier/e Qu'est-il arrivé au premier voilier solaire ? Cosmos-1 a été lancé vers l'espace mardi soir à partir d'un sous-marin russe. Pour les autorités russes, un incident de moteur a provoqué "l'échec" du vol. Mais les promoteurs américains du projet indiquent avoir capté des signaux du voilier solaire. Ce devait être une première spatiale, c'est un mystère. Pour les autorités spatiales et militaires russes, le lancement du voilier solaire Cosmos 1 est un échec. Pour les promoteurs américains du projet, l'engin a émis des signaux, preuve qu'il n'est pas perdu. Cosmos 1 a été lancé mardi à 20h46 heure française dans une fusée balistique Volna - un engin militaire converti pour un usage civil - depuis le sous-marin nucléaire russe Borisoglebsk, en mer de Barents. L'agence spatiale russe Roskosmos et la Flotte russe du Nord ont indiqué qu'un "arrêt spontané du moteur du premier étage du missile porteur Volna" s'est produit "à la 83e seconde du vol", empêchant le voilier d'atteindre son orbite. "Le satellite n'a pas établi de contact, ce qui signifie sa perte", a déclaré un porte-parole de la Marine russe, qui a précisé qu'un groupe de travail a été créé pour examiner les raisons de l'incident. La Planetary Society, maître d'oeuvre américain du projet, a indiqué pour sa part avoir reçu plusieurs alertes sur des signaux qui pourraient provenir de Cosmos 1, captés notamment par des stations d'observation à Majuro aux Iles Marshall, à Petropavlovsk, au Kamtchatka, et à Panska Ves, en République Tchèque. Si ces informations se confirmaient, estime la société, elles signifieraient que Cosmos 1 n'est pas tombé dans le Grand Nord russe, mais qu'il se trouve sur une orbite, certes différente de celle qui était prévue, mais lui permettant de faire le tour de la Terre. Les autorités militaires russes ont indiqué ne pas disposer de telles informations qui devaient être vérifiées. Huit voiles triangulaires Le premier voilier solaire de l'espace est un projet de 4 millions de dollars financé par des fonds privés américains, dont l'objectif était de montrer que les rayons lumineux peuvent fournir une source illimitée de propulsion pour des voyages cosmiques. Cosmos 1, qui ne pèse qu'une centaine de kilos, a été conçu et construit par NPO Lavotchkine, une agence spatiale russe quasi-indépendante. Il devait être mis sur une orbite de 900 km au-dessus de la Terre pour une mission d'un mois. Chacune des huit voiles triangulaires, très fines, en Mylar (environ 5 microns, ou un cinquième l'épaisseur d'un sac à poubelle en plastique) ressemblent aux pétales d'une fleur, qui une fois déployées, devait avoir la forme d'un énorme miroir en forme de disque de 30 mètres de diamètre. Le Mylar est un matériau très résistant qui réfléchit la lumière. Cosmos 1 devait être très visible de la Terre dont il devait faire le tour en une centaine de minutes. Son principe de fonctionnement est relativement simple. Les flux de photons, les particules élémentaires constituant la lumière, rebondissent sur la surface des voiles et, ce faisant, les poussent vers l'avant. Si cette poussée est très faible, elle est constante et cumulative dans le vide de l'espace où aucune friction ne freine ce mouvement. C'est ainsi qu'en cent jours, un voilier solaire spatial peut atteindre 10.000 km/heure et 36.000 km/heure en une année. Après trois ans la vitesse dépasserait 100.000 km/heure ce qui permettrait d'aller jusqu'à Pluton, la plus éloignée des planètes du système solaire, en moins de cinq ans, contre neuf ans avec un engin à moteur chimique, selon la Planetary Society. Un premier lancement du voilier solaire avait échoué en juillet 2001, lorsque l'appareil ne s'était pas séparé du missile-porteur et avait été détruit dans les couches denses de l'atmosphère.